Débats et opinions: La Côte d'Ivoire aurait-elle été vaincue militairement par le Burkina Faso et la France?

Par Correspondance particulière - La Côte d'Ivoire aurait-elle été vaincue militairement par le Burkina Faso et la France?

Blaise Compaoré et Nicolas Sarkozy à l'Elysée. Image d'archives.

LA CÔTE D’VOIRE AURAIT-ELLE ÉTÉ VAINCUE MILITAIREMENT PAR LE BURKINA
FASO ET LA FRANCE ?

Certains intellectuels ivoiriens (africains), partisans d’Alassane
Ouattara, s’évertuent à dépeindre les pro-Gbagbo, les démocrates
ivoiriens, sous les traits d’amateurs politiques, incapables
d’appréhender les enjeux de la realpolitik ; un terme forgé par Otto Von
Bismark. Cette notion issue du scientisme allemand au cours du XIX ème
siècle désigne une posture de politique étrangère qui se veut
pragmatique, par opposition à une politique idéaliste. Pour ce courant
politique, les relations entre les différents pays ne reposent pas, en fait,
sur les idéologies prônées par les régimes en place mais plutôt sur les
intérêts économiques de chacun d’eux. La realpolitik est empreinte
d’un certain cynisme parce qu’elle ne s’embarrasse pas d’idéologies,
de valeurs morales ou religieuses. De « grandes démocraties », comme la
France, peuvent, au nom de la realpolitik, passer, sans sourciller, des
accords économiques avec des dictatures africaines qu’elles ont,
elles-mêmes, installées. Affirmer que l’Élysée a créé, depuis le
Burkina Faso, en collaboration avec Blaise Compaoré, les conditions
favorables à une guerre en Côte d’Ivoire, pour soumettre les démocrates
de ce pays à leur diktat, n’est qu’une vérité de la Palice. Si les
partisans ivoiriens et français de cette posture de politique étrangère
n’ont que faire de l’éthique, leur volonté d’intenter un procès
contre le président Gbagbo devant la Cour pénale internationale,
d’emprisonner des membres de l’opposition ivoirienne n’est pas
l’expression de leur amour pour le droit, entendu comme règle morale,
sociale. Ils ne peuvent, par conséquent, prétendre jeter, en Côte
d’Ivoire ou au Burkina Faso, les bases d’un État de droit, naturellement
opposé à leurs intérêts respectifs. Parler d’émergence 2020 en Côte
d’Ivoire est une hyperbole, qui tiendrait du miracle puisque la démocratie
n’y est encore qu’un vain mot. Le régime d’Abidjan semble indexer dans
le désert un oasis à l’horizon 2020, qui n’est en réalité qu’un
mirage. La realpolitik affaiblit, en effet, dans nos pays, en voie de
développement, le capital de confiance entre le peuple et les gouvernants,
prêts à ne défendre que leurs intérêts réciproques, à abandonner le
navire dès qu’il chavire. Évoquons seulement deux faits pour inviter le
peuple ivoirien et burkinabé à prendre conscience des conséquences
négatives de la realpolitik prônée par Alassane Ouattara, la France et
Blaise Compaoré, sur nos populations respectives, régies par des
institutions politiques faibles, incapables de fonctionner, de manière
autonome. Durant la crise que connut notre pays à cause du contentieux
électoral, les banques étrangères, françaises protégées par nos
gouvernants s’en allèrent, au grand dam de nombreuses victimes ivoiriennes
qui ne furent pas dédommagées. Le second fait est récent ; il s’agit de
l’épidémie de la fièvre hémorragique Ebola cachée aux populations
ivoiriennes et burkinabé pour préserver les intérêts d’Alassane
Ouattara, de Blaise Compaoré et des multinationales françaises.
L’attitude des gouvernants de ces différents pays est propre à la
realpolitik. Ces deux faits nous invitent à nous poser, de manière
objective, la question suivante: Alassane Ouattara est-il bel et bien au
service de la Côte d’Ivoire, notre pays, ou du Burkina Faso ? Une analyse
plus approfondie de la guerre menée contre le président Gbagbo et
l’armée républicaine ivoirienne, avec l’aide de ressortissants du
Burkina Faso, de Blaise Compaoré, et de la France, nous amène à conclure
qu’Alassane Ouattara n’est, en fait, que l’acteur principal d’une
guerre à l’issue de laquelle le Burkina Faso est sorti victorieux. Il faut
que les Ivoiriens se rendent à l’évidence ; notre pays a été vaincu
militairement par le Burkina Faso, grâce au soutien de la France. Toute
nation vaincue, à l’issue d’une bataille, est naturellement occupée par
celle victorieuse. La France vaincue fut occupée par l’Allemagne Nazie et
le gouvernement français, à la solde des envahisseurs, était, en grande
partie, formé de collabos. L’occupation de notre pays, de
nos zones riches, de nos réserves mondiales, de nos forêts classées par
des populations burkinabé, des pseudo-paysans qui semblent être, en
réalité, des mercenaires au service de l’Élysée qui écument nos
forêts, dans l’attente d’une conquête définitive de notre pays,
n’est que le panorama d’un pays vaincu par la nation d’origine des
envahisseurs : le Burkina Faso. La lutte politique précède, en général,
celle militaire. C’est ce qui nous est donné de constater avec la
nationalité ivoirienne obtenue sur simple déclaration par des millions
d’apatrides, de burkinabé. L’adoption d’une telle loi viole un
principe fondamental qui régit les relations internationales : le PRINCIPE
DE RÉCIPROCITÉ. Si Alassane Ouattara fût au service de la Côte d’Ivoire
et non du Burkina Faso et de la France, il aurait normalement défendu,
vis-à-vis du pays de Blaise Compaoré, ce Principe, aussi bien sur le plan
politique, commercial, que social. Le principe de réciprocité est
l’expression de la souveraineté d’une nation ; le fondement des accords
gagnant-gagnant entre deux pays supposés égaux. Si Alassane Ouattara ne
cautionnait pas la victoire du Burkina Faso sur la Côte d’Ivoire, si notre
pays n’était pas occupé par ces vainqueurs, à l’issue de cette guerre
tant souhaitée par la France, les diplomaties ivoiriennes et burkinabé
auraient oeuvré, en vue de l’adoption des mêmes lois au Burkina Faso.
Elles auraient aussi permis aux Ivoiriens d’acquérir des titres fonciers,
la nationalité burkinabé sur simple déclaration, des contrats leur
permettant d’exploiter, par exemple, le manganèse de ce pays. Tous ces
accords gagnant-gagnant auraient été signés par des peuples souverains,
conformément aux principes fondamentaux suivants: le principe de
réciprocité, le principe de subsidiarité, le principe de nécessité, et
celui de proportionnalité. Nous savons que la nationalité ivoirienne
concédée à des ressortissants burkinabé par Alassane Ouattara vise un but
essentiel ; sa réélection à laquelle sont opposés, à dessein, des
millions d’Ivoiriens qui ne sont pas forcément des partisans du président
Gbagbo. Nous ne pouvons avoir des élections transparentes, justes en Côte
d’Ivoire, et au Burkina Faso que si nous réussissons à juguler cet
électorat transnational d’Alassane Ouattara qui n’est que la
manifestation politique de l’occupation de notre pays par le Burkina Faso.
Aucun Chef d’État légitime, garant de la Constitution du pays qu’il
prétend servir ne peut ignorer le principe de réciprocité. Ces
intellectuels ivoiriens, africains, partisans d’Alassane Ouattara qui se
contentent d’exhorter les Ivoiriens au travail pour sortir de la misère
suscitée volontairement par le régime d’Abidjan et la France, pour mieux
nous avilir, se doivent de se mettre à l’école des leaders politiques
afro-américains. Sans le courage, l’obstination de Martin Luther King et
de tous ces leaders politiques afro-américains, aux noirs américains
n’auraient jamais été concédés des droits civiques. Ces descendants
d’esclaves auraient été condamnés à travailler, jusqu’à nos jours,
dans les plantations des esclavagistes du sud qui les auraient abattus, par
milliers, dans les rues de Ferguson, pour se flatter d’être des peuples
supérieurs appelés naturellement à dominer les peuples inférieurs. Si
nous Ivoiriens, Africains, n’assumons pas notre destin face à une France
esclavagiste, colonialiste, protectionniste, nous ne sortirons jamais de
l’ornière. Les esclavagistes se sont toujours servis de régisseurs pour
dominer les esclaves. Le choix d’un soldat, Gilbert Diendéré, chef
d’État major de la présidence, comme successeur de Blaise Compaoré à la
tête du Burkina Faso (lire l’article de Newton Ahmed Barry publié sur
Ivoirebusiness.net et Africa24monde.com), confirme l’assertion, selon
laquelle ce pays est le bras armé de la France pour achever sa guerre en
Côte d’Ivoire et au Mali. Seul un militaire, à la tête du Burkina Faso
devenu pratiquement le gendarme de l’Afrique de l’Ouest, est capable de
cerner la complexité de cette guerre menée par la Métropole pour briser
toute aspiration des démocrates ivoiriens, burkinabé et maliens à la
démocratie. Les Burkinabé seraient-ils devenus les régisseurs des
plantations (des ex-colonies) des esclavagistes de la Métropole (de la
France)? Que doivent faire les Ivoiriens face à cette subtile invasion, à
cette victoire déguisée du Burkina Faso, des
partisans de Blaise Compaoré sur notre pays ? Au nom du respect des
principes de réciprocité, de nécessité, de subsidiarité, de
proportionnalité, les partis politiques de la Côte d’Ivoire pourraient
inviter le régime d’Abidjan à éliminer de la liste électorale tous les
étrangers qui ont acquis la nationalité ivoirienne depuis 2010, puisque des
millions d’Ivoiriens sont contraints à demeurer hors de leurs pays. Ces
exilés seront absents lors des présidentielles de 2015. Il est, par
conséquent, inconcevable de voir des étrangers, des ressortissants
burkinabé, reconduire à la tête de la Côte d’Ivoire Alassane Ouattara,
l’acteur politique qui démontre, à travers ses actes, qu’il a oeuvré
à la victoire militaire du Burkina Faso sur notre pays, en lieu et place des
ivoiriens bannis de leur terre, privés du droit de vote, incapables de
choisir leurs propres représentants. Nous avons, en définitive, la Côte
d’Ivoire peuplée, plutôt occupée, avec la bénédiction de l’Élysée,
par un électorat transnational d’origine Burkinabé acquis à la cause
d’Alassane Ouattara et du clan de Blaise Compaoré. A la figure politique
installée à la tête de la Côte d’Ivoire est concédé par l’Élysée
le pouvoir politique et économique, au militaire installé à la tête du
Burkina Faso est accordé, logiquement, le pouvoir militaire pour suffoquer
dans la violence, dans le sang, les démocrates ivoiriens, africains. Si la
Côte d’Ivoire n’est pas un pays vaincu et occupé par des ressortissants
armés du Burkina Faso, pourquoi les militaires ivoiriens sont-ils encore
pourchassés, arrêtés, emprisonnés, torturés, puisque la guerre contre
Gbagbo et les forces républicaines ne visait qu’à installer à la tête
de notre pays Alassane Ouattara, le candidat de l’Élysée, suite au
contentieux électoral ? Quand prendra donc fin la crise postélectorale en
Côte d’Ivoire ? Elle prendra certainement fin lorsqu’à la tête de
toutes les institutions politiques ivoiriennes ne seront installés que des
collabos, qui reconduiront Alassane Ouattara en 2015, et soumettront
totalement notre pays aux régisseurs burkinabé, à la solde de Blaise
Compaoré, de Diendéré, et de la France. Grâce à la vigilance des
Ivoiriens les partisans de la realpolitik seront vaincus dans notre pays,
afin que triomphent le droit, les valeurs morales sur le cynisme,
l’avidité de ces hommes politiques.

Une contribution par Isaac Pierre BANGORET (Écrivain)