Gel des avoirs des pro-Gbagbo, 3 ans après : Au cœur de la mafia !

Par Le Nouveau Courrier - Gel des avoirs des pro-Gbagbo. Au cœur de la mafia !

En plein cœur de la crise postélectorale de 2011, les soutiens occidentaux du camp Ouattara, notamment dans l'Union européenne, ont cru bon d'intensifier la pression et le chantage politique contre Laurent Gbagbo et ses proches, en procédant aux gels de leurs avoirs réels ou supposés dans les pays membres de l'Ue et en Suisse. Avec l'appui militaire de l'Onu et de l'armée française, Ouattara parvient au pouvoir le 11 avril 2011. Dans l'ivresse de la "victoire", lui et ses proches procèdent aux gels des comptes bancaires en Côte d'Ivoire de Laurent Gbagbo, de plusieurs centaines de personnalités proches ou supposées l'être. Dans la foulée, des dénonciations calomnieuses et accusations farfelues vont entrainer le gel des avoirs de nombreux Ivoiriens pas forcément politiquement marqués. C'est le début de l'"intifada" économique qui dure jusqu'à ce jour, trois ans après la crise. Et qui continue de mettre en péril la vie de milliers de familles et particulièrement l'avenir de nombreux enfants. Le maintien du gel des avoirs s'est transformé en chantage politique, et un véritable business tel dans une mafia savamment organisée. Un haut cadre ivoirien, victime de cette forfaiture qui dure trois ans, a bien voulu lever le lièvre sur ce que comme lui, vivent plusieurs Ivoiriens, victimes du gel de leurs avoirs. Révélations exclusives sur les pratiques d’une véritable mafia.

A. Digbeu, anciennement haut cadre dans une Société d’Etat et militant du Front populaire ivoirien (Fpi), a soutenu le candidat Laurent Gbagbo durant la campagne électorale de novembre 2010. Apres la proclamation de la victoire de son candidat par le Conseil Constitutionnel ivoirien, tout logiquement, il organise à sa résidence, sise aux Deux-Plateaux, une petite fête en l’honneur du président élu. Les choses vont s'accélérer jusqu'à l'affrontement. La contestation par les armes, de la victoire du président Laurent Gbagbo par des forces favorables à Alassane Ouattara va détruire son noyau familial. Dès leur arrivée à Abidjan le 31 mars 2011, la maison de M. Digbeu est assiégée par les rebelles, suite à une dénonciation des membres de la famille de son voisin qui lui, logeait à l’hôtel du Golf, avec les leaders du Rassemblement des houphouétistes pour la démocrate et la paix (Rhdp), la coalition hétéroclite qui soutenait la candidature de Ouattara. Digbeu et sa famille ont pu échapper à la furia des Frci mais sa résidence a été entièrement pillée jusqu’aux carreaux et bidets des toilettes.

Des familles déstructurées, des enfants déscolarisés

Après l’installation d'Alassane Ouattara à la présidence de la République, M. Digbeu qui n’a jamais occupé de fonction dans l'appareil de l'Etat, ni dans les organes de direction de son parti politique, le Fpi, est renvoyé sans droits de son travail. Et est surpris de voir son nom figurer sur la liste des personnalités dont les avoirs sont gelés par le procureur de la République de Côte d’Ivoire. Il entreprendra en vain, des démarches pour que ses comptes bancaires soient dégelés. Trois années après cette décision, l'homme reste sous interdictions d’opérations bancaires, comme la quasi-totalité des personnalités listées par le régime. Ses cinq enfants, affirme Digbeu, sont déscolarisés. Et l’aîné de ses enfants qui effectuait des études informatiques en Inde, a été rapatrié auprès de son géniteur depuis juillet 2011, du fait d’une scolarité impayée. Depuis lors, ce dernier gère une cabine téléphonique à Yopougon-Sogefiha chez son oncle avec lequel il vit. Le couple Digbeu est en séparation de corps depuis février 2012. Son épouse ayant refusé de le suivre au village où Digbeu vit désormais. Ne pouvant pas supporter les nouvelles conditions misérables et brutales de vie, son épouse a préféré retourner en famille, précisément chez sa sœur aînée, une veuve qui habite seule, dans un appartement de trois pièces, à Port-bouët, avec ses deux dernières filles, âgées de 9 ans et 13 ans. Des fillettes désormais déscolarisées qui s’occupent au quotidien, en aidant une nourrice d’un jeune couple habitant sur le même palier de l’appartement de leur tante. Ce qui permet à ces filles de pouvoir regarder au moins la télévision. M. Digbeu lui même, ayant échoué dans ses multiples tentatives de voir ses comptes bancaires dégelés et, de se faire payer des droits de licenciement abusif, est retourné vivre dans son village avec l'un de ses fils. Son troisième garçon, né d'une autre mère, a rejoint la famille de sa mère biologique à Koumassi où il apprend le métier de frigoriste avec les pré-requis assimilés jadis, en classe de seconde C, dans un lycée huppé de la ville d’Abidjan. Voilà comment Ouattara a réussi à détruire des familles, des vies, à l'image de la famille Digbeu

Chanter la réconciliation, en affamant des familles

Le 8 janvier 2014, c'est depuis son village que Digbeu entend sur les ondes de la radio nationale, le communiqué du Conseil des ministres annonçant que : «certains comptes bancaires gelés du fait de la crise post-électorale allaient être dégelés». Faute de moyens, c'est deux mois plus tard que ce père de famille s'invite à la capitale. Il débarque ainsi à Abidjan le 9 mars 2014. Dans son entendement, les soixante (60) jours ont été mis à profit par le gouvernement et les services compétents, pour réaliser toutes les diligences consécutives à la décision du Conseil des ministres. Il se présente donc à sa banque sise aux Deux- Plateaux, boulevard Latrille, et fait un chèque au guichet. Au moment d’être servi, la caissière lui demande de voir le gestionnaire de comptes. Celui-ci demande à M. Digbeu : «Vous faites de la politique ?» «Non», répond-il, «mais alors, pourquoi votre compte est sous interdiction d’opérations ?», questionne à nouveau le gestionnaire. «Je ne sais pas», répond M. Digbeu. «Vraiment, enchaîne le chef d'agence, votre compte est sous une double interdiction, celle de la Direction générale et celle de la Direction juridique. Nous sommes donc au regret, de ne pas vous servir votre propre argent. Je vois pourtant bien que, dans l’historique des versements, cela n’a aucun rapport avec la période de la crise post-électorale. J’espère monsieur, que vous faites les démarches nécessaires pour régler cette situation irrégulière». Le gestionnaire de compte de cette grande banque est sidéré par la situation arbitraire que vit ce père de famille. «Mais comment vivez-vous monsieur ?» demande- t-il, avant de s'exclamer : «Comment peut- on chanter, à longueur de journée, "la réconciliation " avec des gens qu'on affame ?»

Le gel des avoirs: un véritable business digne de la mafia

Le chef d’agence, pris de pitié pour cet ancien haut cadre, aujourd’hui dans un état total de dénuement, lui suggère discrète- ment, s’il a un compte dans une autre banque (dont nous taisons le nom), de s’y rendre. Car un collègue gestionnaire de cette autre banque, sise dans le quartier de la «Riviera», lui a confié un jour, qu’il y'avait des possibilités pour le dégel de comptes bancaires des personnalités de l’ancien régime. M. Digbeu a effectivement un compte d'épargne dans ladite banque mais, pas dans l’agence indiquée. Il s'y rendra néanmoins pour retirer au guichet de transfert d’argent, la modique somme de 45000 Fcfa (85 Euros) expédiés le même jour par son neveu résidant en Europe. Des Deux-Plateaux, M. Digbeu se rend à la Riviera. Une fois, à l’intérieur de la nouvelle banque, il rencontre encore des difficultés pour effectuer le retrait des 85 euros (45000 Fcfa). Au guichet, la caissière lui demande de se rassoir car, «il y'a un problème». Il attendra alors une tren- taine de minutes avant d'être à nouveau appelé. Il avance néanmoins d’un pas apeuré et la caissière lui remet sans aucune question, l'équivalent des 85 euros en Fcfa. Au moment où il s’apprêtait à partir, c’est le chef d’agence lui-même qui vient lui remettre sa carte nationale d’identité et lui dit d'un ton amical : «Venez me voir directement pour les prochaines opérations de cette nature, compte tenu de votre honorabilité». M. Digbeu veut en savoir davantage sur sa situation. Le chef d'agence lui révèle qu’il est interdit d’opérations bancaires si bien que, dès que la caissière eût saisi son nom, le logiciel l’a repéré. Aussitôt, la caissière a demandé au chef d'agence la conduite à tenir. Ce dernier à son tour, a dû référer à ses supérieurs hiérarchiques qui eux, ont dû certainement s’informer, avant de lui donner l’ordre de servir. C’est cette gymnastique qui a justifié le retard du service, qui est indépendant de sa volonté et de la banque, explique le chef d'agence. «Quelle affaire ? On bloque vos comptes bancaires et on vous fait des difficultés pour recevoir l’argent de vos proches. Mais ça, c’est pour vous tuer à petit feu et dans l’indifférence totale ! Comment veulent-ils que vous viviez ? En plus, une banque ne fait pas de la politique. Je suis convaincu qu’à la fin de tout ça, nous aurons de sérieux problèmes juridiques avec certains de nos clients car, il s’agit avant tout, des relations entre la banque et le client», s'indigne ce gestionnaire d'agence bancaire. Le chef d'agence profite pour demander à M. Digbeu, s’il a des connaissances dans les hautes strates de l’État ou du gouvernement. Non, répond-il. Avant de demander à son interlocuteur les raisons de sa question. Le banquier lui révèle alors, qu’«à deux ou trois reprises, j’ai reçu ici, des personnalités comme vous, dont les avoirs étaient gelés et qui, grâce à leurs relations dans le régime, ont pu obtenir le dégel de leurs comptes pendant deux jours. Ce qui leur a permis de les vider». A. Digbeu n'en croit pas ses oreilles. Et demande à son interlocuteur la procédure pour obtenir le dégel de comptes bancaires pour quarante huit (48) heures. «Je ne sais pas, répond le chef d’agence. Je suis un exécutant. Je sais que j’ai reçu de mes supérieurs, des décisions de dégel de comptes bancaires de personnalités de l’ancien régime. Ces derniers en ont profité pour vider leurs comptes et le surlendemain, mes supérieurs hiérarchiques m’ont indiqué que c'était une erreur et, lesdits comptes sont à nouveau en interdiction d’opérations mais, entretemps, les concernés avaient déjà pris leur argent. Je ne sais pas à quel niveau ces personnalités ont "managé" mais, c’est le constat que je fais», explique le banquier. Et de conclure que : «cette affaire de gel et dégel de comptes bancaires des pro-Gbagbo, est un vrai business sinon, comment expliquer que trois années après la crise, des comptes bancaires soient gelés et dégelés en catimini ?»

Du dilatoire pour ne pas appliquer une décision du gouvernement

M. Digbeu, dégouté par ce qu’il venait d’ap- prendre, prend congé de son interlocuteur et se rend au siège de son parti politique sis à Cocody-Attoban, l’ancien quartier général de campagne du candidat Laurent Gbagbo. Là- bas, il cherche à rencontrer le Secrétaire général du parti M. Laurent Akoun pour savoir où en était-on. Puisque début janvier 2014, le parti lui avait demandé de communiquer les numéros de ses comptes bancaires. Malheureusement, le SG du Fpi est absent. Mais de manière fortuite, il rencontrera un ancien prisonnier en liberté provisoire dont les comptes bancaires sont aussi gelés. Alors qu'ils conversent, apparait devant eux, une personnalité fraîchement revenue d’exil qui sortait d'une séance de travail avec l’un des vice-présidents du Fpi. Digbeu expliquera à ses deux interlocuteurs les raisons de sa présence au siège du Fpi. Les trois personnalités interpellent un proche collaborateur du SG du Fpi qui passait par là, pour en savoir sur l'état d'évolution du dossier du "gel des avoirs". "Camarades, indique le collaborateur de Laurent Akoun, ce que je peux vous dire est que, la situation du gel des avoirs fait partie du dialogue politique entre le Fpi et le pouvoir de M. Ouattara représenté par l’ancien Premier ministre Ahoussou Jeannot. Un point d’accord a été obtenu sur la question depuis bientôt six (6) mois. Le Fpi a déposé à M. Ahoussou Jeannot, la liste de tous ses militants concernés avec les numéros de leurs comptes bancaires. Le gouvernement a répondu début janvier 2014 en indiquant que les comptes bancaires contenant moins de 50 millions de Fcfa seraient systématiquement dégelés. Puis, interviendront selon certaines modalités, ceux compris entre 50 et 100 millions de Fcfa. Et enfin, ceux de plus de 100 millions de Fcfa", révèle ce proche collaborateur de Laurent Akoun. Malheureusement, le régime semble poursuivre dans son perpétuel dilatoire.

Hamed Bakayoko et l'entourage Ouattara cités

"Malgré nos réserves, poursuit-il, nous avons marqué notre accord. Début février 2014, le gouvernement nous a annoncé qu’il a décidé que seules, les personnes ayant bénéficié de la liberté provisoire et celles revenues d'exil, seront prioritairement concernées par le dégel de leurs comptes bancaires. Nous en avons pris acte. Fin février, on nous a annoncé qu'une première liste de cinquante (50) noms sur près de 200 personnes concernées était prête mais, qu’il fallait attendre le retour de convalescence du chef de l’Etat. Mi-mars, on nous dit que M. Ouattara a marqué son accord pour la liste de cinquante (50) personnes. Seulement, il y'a un problème au niveau du président Affi N'guessan et du ministre Alcide Djédjé qui sont tous les deux, sous le régime de sanctions de l'Onu, selon le pouvoir. Le Fpi a demandé de dégeler les comptes bancaires des quarante huit (48) personnes de la première liste, pour dégrossir le problème, sans attendre les recours à l’Onu, du président Affi et du ministre Alcide Djédjé. Depuis lors, on attendait et rien n’a été fait, jusqu'à ce qu'on apprenne que le gouvernement a décidé de transférer le ministre Charles Blé Goudé à la Cpi et que, le Fpi en tire les conséquences au niveau du dialogue politique. Voilà où nous en sommes chers camarades. Je voudrais ajouter que certains parmi les camarades concernés par la mesure de gel des comptes bancaires ont rencontré à titre personnel, les ministres de l’Intérieur et de la Justice puis, le procureur de la République. Selon les comptes rendus qui ont été faits de ces différentes rencontres, les deux dernières personnalités ont affirmé que les listes sont prêtes depuis des lustres mais, qu’elles attendent des instructions. Quant au ministre de l’Intérieur, les interlocuteurs l’ont trouvé à la fois évasif et contrarié, comme s’il y’avait une pesanteur qui empêchait l’application de la décision du Conseil des ministres. Enfin, il est important d’indiquer, compte tenu du caractère humanitaire sur la question du dégel, le parti a maintenu le contact avec l’ancien premier ministre Ahoussou Jeannot qui, malgré sa bonne volonté affichée, ne semble pas faire partie du cercle où l’on doit prendre la décision de dégeler les comptes bancaires. Pour preuve, depuis janvier 2014, M. Ahoussou nous a avancé quatre (4) dates qui n’ont pas été respectées», a conclu le collaborateur de M. Laurent Akoun.

Des Chancelleries choquées

Malheureusement, le cas de Digbeu, comme pour bien d'autres personnalités pas forcément politiques, paraissait complexe. Il n'est ni un ancien prisonnier politique encore moins un ancien exilé. De plus, il ne fait l’objet d’aucune procédure judiciaire en Côte d’Ivoire et pourtant, ses comptes bancaires sont gelés depuis trois ans. Ses camarades d’infortune lui ont simplement suggéré de "s’excuser" auprès de son ancien voisin de quartier (aujourd’hui directeur de cabinet d’un ministre), dont la famille n’avait pas apprécié le 14 décembre 2010, la fête qu’il avait organisée pour célébrer la victoire de Laurent Gbagbo. L’ancien prisonnier en liberté provisoire depuis bientôt dix-huit (18) mois, a révélé avoir rencontré en février 2014, le premier conseiller de l'Ambassade d'un pays membre de l'Union européenne (UE), pour dénoncer auprès de lui, la complicité flagrante de l'UE dans l'organisation par le gouvernement Ouattara, de morts silencieuses avec la mesure inique de gel des comptes bancaires de près de 200 pères de familles depuis 2011. Avec pour conséquences, les graves violations de droits humanitaires, droit à l’éducation, droit à la santé, droit à la vie, absence de couverture sociale... Le diplomate européen, au cours de leur rencontre, a marqué sa surprise que, les comptes bancaires des personnalités proches de l’ancien président Laurent Gbagbo soient encore gelés, contrairement aux différents rapports fait par le gouvernement ivoirien sur les acquis du dialogue politique, avec les partis politiques de l’opposition. «Ce n’est pas honnête», fait-il, en proposant aux personnes concernées de dénoncer, haut et fort, cette situation criminelle qu’il a qualifié de «grand banditisme d'Etat».

Mensonges politiques pour séduire les bailleurs de fonds

Le cadre du Fpi revenu récemment d’exil a rapporté que le constat d’absence de communication sur le refus par le gouvernement Ouattara de dégeler les comptes bancaires des pro-Gbagbo a été aussi fait début mars 2014 par un haut fonctionnaire de la Banque africaine de développement (Bad), de passage en Abidjan, dans le cadre des préparatifs pour le retour définitif de ladite banque en Côte d'Ivoire. Il a affirmé avoir rencontré ce haut fonctionnaire de la Bad qu’il avait connu dans ses fonctions antérieures, de manière fortuite, au parking d'un supermarché aux Deux-plateaux, et qui s'est indigné de ce fait. «Nous sommes surpris à la Bad, de savoir qu'il y'a encore en Côte d’Ivoire, des personnes dont les comptes demeurent gelés relativement à la crise post-électorale de 2010. Dans les rapports que les autorités de la Bad ont reçus du gouvernement ivoirien, le dégel des avoirs des pro-Gbagbo dans les banques primaires est une opération réalisée et achevée fin 2012», a révélé ce haut fonctionnaire de la Bad. Qui a conseillé de faire du bruit sur la question du dégel, car «on ne peut pas affamer ses propres citoyens et mentir aux institutions internationales pour bénéficier de leur appuis financiers».

Une réconciliation impossible à réaliser avec des frustrations

Le gouvernement Ouattara a subtilement utilisé la question du dégel des comptes bancaires des pro-Gbagbo, pour faire comme à ses habitudes, de la communication politique, afin de satisfaire certaines exigences de partenaires au développement, dans le but de réduire le risque-pays. Digbeu, avant de regagner son village, s’est attaché les services d’un conseiller juridique qui va poursuivre devant la juridiction compétente, l’Etat de Côte d’ Ivoire qui a fait geler ses comptes bancaires, sans aucune raison, en dehors du fait d’avoir célébré la victoire électorale de son candidat, proclamé vainqueur par le Conseil constitutionnel ivoirien réuni en séance plénière, conformément à la constitution ivoirienne.
Comment un gouvernement d’un pays qui se veut émergent, prend une décision sur une situation donnée qui, trois mois après, n’est pas suivie d’effet. A l'instar de la famille de M. Digbeu, ces familles victimes du gel de leurs avoirs ne sont-elles pas des victimes qui continuent de subir la furia d'un camp, au moment où l'on tente de surfer sur la vague "réconciliation"? Avec la situation qu’il traverse depuis trois ans, marquée par la des- truction de sa famille nucléaire, doivent- elles - ces familles - participer au processus de réconciliation ? Avec qui Digbeu doit- il se réconcilier un jour ? Pourquoi continuer de maintenir des milliers de familles dans cet état et brandir le vocable de réconciliation comme un effet de mode ?

Par Philippe Traoré