Côte d'Ivoire - Le recensement bloqué à l'appel de l'opposition : Des agents recenseurs chassés à coups de pierres et de machettes par les habitants

Par IVOIREBUSINESS - Le recensement bloqué à l'appel de l'opposition.

Selon les informations en notre possession recueillies sur terrain par des envoyés d'IvoireBusiness, le recensement général de la population et de l'habitat (RGPH) est bloqué, pour ne pas dire au point mort, suite à l'appel au boycott lancé par l'opposition, notamment le Front populaire ivoirien.

Dans plusieurs villes du pays, les agents recenseurs connaissent de graves difficultés, car les populations ne se sentent pas concernés par un RGPH lancé à San Pédro le 03 avril de façon unilatérale par le pouvoir.
A San Pedro notamment, les agents recenseurs sont chassés à coups de pierres et de machettes, s'ils ne sont pas hués par les populations.

Selon l'AIP, des agents recenseurs ont confié lundi à leurs responsables que dans le village de Djouro, dans la sous-préfecture de Grand Béréby, ville située à 375 km d'Abidjan, qu'ils ont été chassés et menacés à la machette par certains habitants.

Dans plusieurs localités, les chefs de village sont des acteurs du refus du recensement, car plusieurs familles sont soit en exil, soit déplacées. Sans compter les disparus et les morts.
Plus grave, des villages entiers sont occupés par des allogènes burkinabé, qui y font la loi, et confisquent les terres des ivoiriens, avec la bienveillante complicité du pouvoir.

Au quartier Zimbabwe de San Pedro, c'est le même black out. Les chefs de famille refusent systématiquement de se faire recenser, ou de laisser les agents recenseurs pénétrer chez eux.
Le directeur régional du Plan et du Développement de San Pedro, Sahin Alla Maurice, superviseur du RGPH pour le département de San Pedro, a confirmé ces difficultés que ses agents rencontrent sur le terrain, comme le rapporte l'AIP.

Il a signalé, au plan organisationnel, l’absence de moyens pour le fonctionnement du comité local chargé de l’information et de la sensibilisation des populations.
Au niveau des agents recenseurs et chefs d’équipe déployés depuis le 03 avril, l’assistant comptable de l’opération, Gala Bi, a indiqué que mardi dernier chacun des 2369 agents recenseurs a reçu chacun 10 000 FCFA de frais de route, quand les 470 chefs d’équipes recevaient chacun 20 000 FCFA, pour les frais de transport.

Mais, en raison de certains désistements d’agents recenseurs, il ne reste que 2100 agents opérationnels sur les 2369 au départ. Les autres, des étudiants, devant passer leurs examens, pour certains, sont partis après avoir reçu leur frais de transport, note-t-on.
De fait, explique Gala Bi, pour l’avance de 20% du salaire qui accuse un léger retard, le paiement sera fait à compter de mardi prochain aux 2100 agents opérationnels et aux 470 chefs d’équipe.

Chaque agent recenseur a un salaire de 100 000 FCFA, et le chef d’équipe 150 000 FCFA.
Les autres difficultés que connaît l’opération concernent, selon le directeur régional Sahin, l’insuffisance de matériel devant servir de protection des agents et de l’outil de travail en cette période de pluie (imperméables, bottes, torches).

Lundi, le préfet a convoqué une réunion du comité de veille, de sécurité et de sensibilisation, afin de faire le point sur le RGPH qui est censé prendre fin le 03 mai, sans avoir réellement commencé.

Eric Lassale