La CPI rend son premier jugement de l’histoire: le chef de guerre congolais, Thomas Lubanga, reconnu coupable

Le 15 mars 2012 par IVOIREBUSINESS – Depuis sa création en 2002 par le Statut de Rome entré en vigueur en juillet 2002, c’est la première fois que la Cour pénale internationale rendait un jugement. Et il a

Thomas Lubanga.

Le 15 mars 2012 par IVOIREBUSINESS – Depuis sa création en 2002 par le Statut de Rome entré en vigueur en juillet 2002, c’est la première fois que la Cour pénale internationale rendait un jugement. Et il a

été rendu hier à La Haye.
En effet, la CPI a reconnu hier à l’unanimité,Thomas Lubanga, chef de guerre de la République démocratique du Congo, coupable de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, et d’utilisation d’enfants soldats en Ituri entre 2002 et 2003. "La chambre a conclu à l'unanimité que l'accusation a prouvé au-delà de tout doute raisonnable que Thomas Lubanga est coupable des crimes de conscription et d'enrôlement d'enfants de moins de quinze ans et les a fait participer à un conflit armé", a déclaré le juge britannique Adrian Fulford qui a lu un résumé du jugement lors d'une audience publique à La Haye.
Ce dernier a précisé qu'une peine serait prononcée ultérieurement à l'encontre de Thomas Lubanga, qui encoure 30 ans de prison.
L’actrice américaine, Angelina Jolie, était présente lors de l’énoncé du verdict. "Le verdict d'aujourd'hui apportera peut-être un certain réconfort aux victimes des actes de M. Lubanga. Il constitue aussi et surtout un message fort contre l'utilisation d'enfants soldats", a souligné l'actrice dans un communiqué.

L’édile, âgé de 51 ans plaidait non coupable. Vêtu d'une tunique et d'un calot blancs traditionnels, l'ancien chef de milice est resté impassible durant la lecture du jugement, échangeant seulement un bref sourire avec son épouse, au premier rang du public, à la fin de l'audience.

C’est en 2006 qu’il avait été transféré à La Haye où son procès, ouvert le 26 janvier 2009, s'était achevé le 26 août 2011.
Fondateur de l'Union des patriotes congolais (UPC) et ex-commandant des Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC), la branche militaire de l'UPC, Thomas Lubanga a été reconnu coupable d'avoir utilisé des enfants soldats durant la guerre civile en Ituri (nord-est de la RDC) en 2002 et 2003.
Les affrontements interethniques et les violences entre milices pour le contrôle des mines d'or et d'autres ressources naturelles dans cette région du nord-est de la RDC ont provoqué la mort de 60.000 personnes depuis 1999, selon des ONG humanitaires.
Les preuves, présentées par le bureau du procureur Luis Moreno-Ocampo, démontrent que des enfants, ont "été déployés en tant que soldats" et "ont participé à des combats", a déclaré le juge Fulford.

Du côté du gouvernement du Président Joseph Kabila, on exprime son entière satisfaction. Le ministre de la Justice Emmanuel Luzolo Bambi a dit espérer « qu'à l'occasion de la détermination de la peine, une sanction exemplaire sera prononcée » contre M. Lubanga.
En France, c’est également le satisfecit. Alain Juppé, ministre des Affaires Etrangères a déclaré que "Tous ceux qui peuvent être tentés par la folie du génocide ou du crime contre l'humanité savent que rien ne pourra arrêter la justice. Et les victimes de tels crimes, leurs familles ou leurs proches savent qu'il existe toujours un recours".
"C'est un moment historique et un pas important en vue d'apporter la justice (...) au peuple congolais", a déclaré de son côté la porte-parole du département d'Etat Victoria Nuland, alors que les Etats-Unis ne sont pas un Etat partie à la Cour.
Le jugement de mercredi est "un signal très fort aux auteurs de crimes aussi graves, un signal que l'impunité n'existe pas", a commenté à l'AFP Géraldine Mattioli, chargée de la justice internationale pour l'ONG Human Rights Watch.
La défense a un délai de trente jours pour faire appel du jugement qui commencera à courir lorsque Thomas Lubanga aura pris connaissance de la traduction en français du jugement, rédigé en anglais.
Plusieurs ONG ont par ailleurs réclamé mercredi l'arrestation du co-accusé de Thomas Lubanga, Bosco Ntaganda, désormais général dans l'armée congolaise, visé par un mandat d'arrêt de la CPI émis en 2006.

Michèle Laffont, correspondante permanente au Benelux

Premier verdict de la CPI : Thomas Lubanga Dyilo coupable de conscription et d’enrôlement d’enfants de moins de 15 ans, et du fait de les avoir fait participer à des hostilités (14 mars 2012)

Vidéo et audio (version française)
You tube pour visionnage
http://www.youtube.com/watch?v=Hh7zlmGq2VA
Audio (mpeg 3) pour téléchargement
http://www.fileserver.icc-cpi.info/audio/LUBANGA_JUDGEMENT_FRENCH.mp3
Vidéo (mpeg4) pour téléchargement
http://www.fileserver.icc-cpi.info/video/LUBANGA_JUDGEMENT_FRENCH.mp4