Face aux secrétaires de section du pdci de yopougon, mercredi/ Banny charge: « N’importe qui fait n’importe quoi ! »

Par IvoireBusiness - Face aux secrétaires de section du pdci de yopougon, mercredi/ Banny charge « N’importe qui fait n’importe quoi ! ».

Samedi 20 juin 2015. Abidjan. Le Premier meeting de la Coalition nationale pour le changement (CNC, opposition) a démarré en fin de matinée à Yopougon (Ouest d`Abidjan) dans le calme. Photo: Charles Konan Banny, ex-Premier ministre.

• Il se déchaîne contre Bédié

Banny s'est lâché. Le mercredi 1er juillet 2015, il est retourné à Yopougon, après deux passages, en moins de deux semaines, pour échanger cette fois-ci avec les secrétaires généraux de section, les femmes et les jeunes du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (Pdci-Rda) de cette commune. Charles Konan Banny a ouvertement volé dans les plumes de « son grand frère » Henri Konan Bédié, le président du Pdci-Rda. Pour lui, le pays va mal et le Pdci se retrouve dans cette situation de division à cause de M. Bédié. D'ailleurs, il s'est présenté comme un homme de « compris » et non de « compromission ». À l'écouter, le prédécesseur d'Henri Konan Bédié à la tête du plus vieux parti de Côte d'Ivoire était un homme de sagesse. Parlant de l'appel de Daoukro, il a dit amer : « Je suis un irréductible, j'accepte ce nom de baptême. On ne parle pas à un peuple comme ça quand on a l'âge de sagesse. Il n'y a plus de sage au village. Voilà pourquoi le pays va mal. N'importe qui fait n'importe quoi. Voilà ma révolte ! ». Etd'asséner : « il y avait un sage à la tête de la Côte d'Ivoire. Les gens venaient pleurer ici. La source de la sagesse, c'était ici, en Côte d'Ivoire. Mais la source a tari ». L'ex-Premier ministre et candidat déclaré à l'élection présidentielle d'octobre 2015, a interpellé ses hôtes sur la nécessité de faire changer les choses. « Jeunes gens et jeunes filles, j'espère que vous avez compris que le pays ne peut pas continuer comme ça », a-t-il indiqué, ajoutant que son engagement est clair. Il a soutenu que l'appel de Daoukro, lancé par Henri Konan Bédié, le 17 septembre 2014, appelant les militants du Pdci à choisir l'actuel chef de l'État, Alassane Ouattara, comme leur candidat à l'élection d'octobre prochain, s'est fait de façon unilatérale. En désaccord souvent avec les cadres de son parti. « Il y a beaucoup de gens qui lui ont dit : « ne fais pas ça » (…). Quand il est devenu président, il a dit qu'il était au dessus des partis. Il a limité l'âge pour participer à l'élection à la présidence du Pdci à 75 ans. On lui a dit : « ne fais pas ça ». Il devait avoir 65 ans. Il l'a fait. Et puis 75 ans est arrivé », a-t-il dit sur un ton d'ironie. Cependant, Charles Konan Banny a souhaité que « chaque Ivoirien ait la possibilité de participer à la prise des décisions qui concernent sa vie ». « Je pensais que le président Bédié allait dire : « je me dédie ». Alors, on allait dire que le président a vraiment de l'humour », a-t-il déclaré, riant de l'ex-président Bédié. Non sans affirmer que cela pose « un problème sérieux». « J'ai interprété cela comme le début de la fin du Pdci. Tant que Dieu me donnera vie, je n'accepterai jamais. Nous avons le devoir de défendre l’œuvre de Félix Houphouët Boigny. Cette œuvre du président Houphouët, nous avons le devoir de la défendre », a pesté Banny, parlant du parti auquel il appartient.
Il répondait ainsi à Blesson Christophe, le Coordonnateur de la Coordination nationale des secrétaires généraux de section (du Pdci) pour la victoire de Charles Konan Banny. Amenés par Fatou Diomandé, les membres de cette coordination ont exposé leurs difficultés au sein même de leur parti. « Nous sommes restés impuissants face au rouleau compresseur déroulé par la direction du parti pour nous bâillonner et nous étouffer dans nos bases », a affirmé M. Blesson.

Appel à l'union et à la solidarité

Il a révélé, en outre, que sur les 150 sections que compte Yopougon, seulement 99 ont été installées officiellement. Non sans indiquer que M. Banny avait en face de lui des secrétaires généraux de section élus, ceux qui sont en instance d'installation, des femmes et des jeunes de Yopougon, Attécoubé, Cocody, Adjamé, Koumassi, Bingerville, Anyama, Songon, Agnoville. « Je ne pourrais pas accepter que cette œuvre disparaisse pour des raisons inavouées », a-t-il soutenu. Le président de la défunte Commission dialogue, vérité et réconciliation (Cdvr) a appelé son auditoire à dire non aux pratiques « des dirigeants du Pdci » qu'il juge incongrues. « Il arrive des moments où on doit se lever pour dire non. Il faut que les Ivoiriens soient courageux. Dire non à une idée qu'on ne partage pas, n'a rien de criminel. C'est l'expression de la liberté d'opinion, de la différence », s'est-il exprimé, notant toutefois que le Pdci dépassera cette situation « difficile ». Il a exigé plus de respect de la part de ses camarades du Pdci, hostiles à sa démarche. Très ovationné, Charles Konan Banny a appelé le Pdci à l'union, élargissant son appel à tous les Ivoiriens. Notamment sur la question de la menace jihadiste. « J'entends que des groupes nous menacent. Nous n'allons pas rester comme ça ! Nous devons être soudés, rassemblés. Le parti qui peut faire cela, c'est le Pdci-Rda. Soyons vigilants, le pays nous appelle. On ne peut pas faire face aux menaces extérieures si on est divisé. C'est unis que nous serons forts. Je souhaite que nous prônions l'union. C'est pourquoi, j'ai participé activement à la création de la Cnc (Coalition nationale pour le changement) », a-t-il justifié. D'ailleurs, il a évoqué pour la première fois la déclinaison de son projet de société qui se résume à l'achèvement de la construction de la nation ivoirienne avec tout le peuple rassemblé. « Tournons le dos à tout ce qui est division, refusons tout ce qui est clivage. N'acceptons pas tous ceux qui veulent nous étiqueter. Ceux qui pensent que j'ai dérapé sont ceux qui ont quitté la route. Ne vous laissez pas distraire. On peut faire la politique sans mentir. La vérité finit toujours par rattraper le mensonge et la vérité éclatera. Et la Côte d'Ivoire sera rétablie, sera guérie », s'est-il convaincu, soulevant la foule. « Il ne faut pas faire une politique qui divise, qui clive, qui sépare, qui discrédite les uns et les autres à cause de leur opinion (…). C'est injuste », a-t-il ajouté. Pour toutes ces raisons, Charles Konan Banny a annoncé sa candidature officiellement aux militants du Pdci qu'il a rencontrés. « Non je ne suis pas d'accord avec les dernières déclarations qui ont créé des problèmes majeurs dans notre pays et dans notre parti. Pour autant, je suis Pdci, je demeure Pdci. Ce qui veut dire que le Pdci ne sera jamais divisé, en tout cas pas par mon fait. Je suis Pdci et je suis candidat à l'élection présidentielle de 2015. Je vous confie cette candidature. C'est à vous de la faire avancer pour que la victoire soit à nous », a lancé ce membre du Bureau politique du Pdci-Rda. En chœur, ils ont entonné l'hymne national avant de se séparer.

Source: Partis politiques