Vœux du nouvel an / Justin Koua (Jfpi) – Roselyn Bly (Cojep) : Même combat mais deux discours contrastés

Par L'Intelligent d'Abidjan - Vœux du nouvel an de Justin Koua (Jfpi) et Roselyn Bly (Cojep).

Publié le samedi 4 janvier 2014 | L’intelligent d’Abidjan
Justin Koua est le secrétaire national de la Jfpi et Roselyn Bly dirige provisoirement le mouvement de Charles Blé Goudé, incarcéré à Abidjan depuis janvier 2013. A l’occasion du nouvel an, les deux personnages ont sacrifié à la tradition en présentant de façon séparée leurs vœux pour 2014. Deux discours très contrastés aussi bien dans le fond que dans la forme. Une chose au moins les unit : militants de gauche, ils luttent pour la libération des prisonniers de la crise postélectorale dont les plus illustres sont Laurent Gbagbo, Simone Ehivet Gbagbo et Charles Blé Goudé. Là s’arrêtent les similitudes. Dans leurs vœux, le premier, justin Koua utilise un ton martial, pamphlétaire à l’endroit du régime d’Alassane Ouattara (Dramane Ouattara comme il préfère l’appeler). Le second, Roselyn Bly, bien qu’offensif et critique choisit des termes non injurieux. Jugeons-en à travers des morceaux choisis. ‘’L'année 2013 a convaincu les ivoiriens de ce que Monsieur Dramane Ouattara (Alassane Ouattara, ndlr) est un véritable mystificateur. Il s'approprie toute honte bue, les œuvres du Président Gbagbo Laurent. Il n'a pas le courage politique et l'honnêteté intellectuelle de remercier le Président Gbagbo Laurent d'avoir obtenu non seulement le financement, mais surtout d'avoir effectivement commencé ces grands travaux. (…) La minorité au pouvoir maintient encore et toujours plus de 780 ivoiriens dont la première dame de Côte d'Ivoire, Madame Simone Ehivet Gbagbo, le Ministre Blé Goudé Charles, Jean Yves Dibopieu dans ses prisons infestées de cafards dans des conditions déplorables’’, fait observer Justin Koua dans la description de la situation politique en 2013. Sur le même sujet de l’analyse de la situation sociopolitique, M. Bly attaque quant à lui de la manière suivante : ‘’c’est un euphémisme d’affirmer que le décryptage de la situation socio-économique et politique actuelle du pays est moins reluisante. En effet, l’insécurité, le chômage grandissant, les détenus et exilés politiques demeurent des questions importantes auxquelles le régime doit absolument trouver des solutions pour rendre possible la réconciliation et la Paix qui doivent être vraies, sincères et durables et permettre au pays d’amorcer enfin son développement afin de garantir l’atteinte de l’objectif légitime et partagé de l’émergence’’.

Des perspectives pour 2014
L’année 2014 qui ne fait que commencer laisse pessimiste Justin Koua là qui s’interroge même sur les intentions du président Ouattara à la lumière de son message de fin d’année. ‘’Que peut bien nous réserver Dramane Ouattara en 2014 ?’’, questionne-t-il. Le fondement de sa question comme il l’explique tient de ce que pendant qu'il faisait son discours de fin d'année 2013, il faisait mettre en prison une vingtaine de jeunes responsables du Fpi dont le fédéral JFPI de Bonoua-Bassam, Alphonse Nobou, le Secrétaire à l'organisation de ladite fédération, le Joachim Dagri dit "Lutcha" et des secrétaires de sections JFPI. A contrario se prononçant sur l’avenir de la Côte d’Ivoire Roselyn Bly pense qu’il y a un espoir à l’horizon à condition que les ivoiriens acceptent de s’asseoir pour discuter. ‘’Nous avons un pays à reconstruire et une nation à bâtir ; nous avons notre place à tenir en Afrique de l’ouest, en Afrique et dans le monde. La réconciliation et la paix sont à notre portée. C’est ensemble avec toutes les intelligences et les compétences des filles et fils de la Côte d’Ivoire que nous pouvons y parvenir. C’est pourquoi, le gouvernement doit prendre de la hauteur, dans l’intérêt supérieur de la nation en élargissant tous les prisonniers politiques civils et militaires’’, se lance en conjectures le président intérimaire du Cojep en donnant quelques conseils au passage. ‘’Il nous faut faire l’économie de la haine et de la vengeance, des tergiversations et autres calculs politiciens et aller maintenant à l’essentiel’’, conseille M. Bly.
Les formules finales sont tout aussi contrastées. Koua oublie, une fois n’est pas coutume, de mentionner à la fin de son texte son fameux « Dieu aime Gbagbo » mais termine par : « Nous combattrons sans violence comme sans faiblesse.
Advienne que pourra! ». En terminant par des paroles de bénédiction pour son pays, Bly se veut mobilisateur autour des valeurs chères à son mouvement : « Pour la Justice et l’Égalité des Peuples, agissons maintenant! ». Qui des deux sera le plus audible ?

S.Debailly