Tribune: Lettre ouverte à Obama et Hollande sur la Syrie, par Dr Boga Sacko

Par Correspondance particulièrement - Dr Boga Sacko écrit à Obama et Hollande concernant la Syrie.

MM. OBAMA-HOLLANDE,
RENDEZ LES PRIX POUR LA PAIX !
EXCELLENCES MM. LES PRESIDENTS,
J’ai l’honneur, par la présente, de vous crier à la face du monde :
« Remettez le Prix Nobel et le Prix F.H.Boigny pour la PAIX ! »
MM. les Présidents,
Le vendredi 9 octobre 2009, quelques semaines seulement après votre première prestation de serment en tant que Président des Etats Unis, vous, M. Barack OBAMA, avez reçu le Prix Nobel de la Paix, dans la plus grande controverse de l’histoire de ce prix.
Car, avant la prouesse d’être le premier Afro-américain à assumer cette haute fonction, dans ce pays qui s’est si tristement illustré dans l’Histoire comme foncièrement ségrégationniste, négationniste et raciste à l’égard du Peuple Noir, qui a même ‘’crucifié’’ le Révérend Martin Lutter King, le monde n’avait aucune connaissance de vos actions pour la paix. Et nous ne croyons pas que le comité en charge du Prix savait grand-chose de vous ; à part que vous auriez surpris ou séduit des membres du parti démocratique américain, lors d’une Convention. Il n’est pas évident que cela suffise pour obtenir le Prix Nobel de la Paix !
Dans la même lignée, M. le Président HOLLANDE, vous avez été vous-même surpris à l’idée que vous étiez distingué par l’Unesco, Prix Félix Houphouët Boigny pour la recherche de la Paix pour l’année 2013. Pour avoir mené, dit-on, une guerre salvatrice pour un pays africain, le Mali. On a bien compris votre grande gêne devant les éloges messianiques de ces Présidents africains, le mercredi 5 juin dernier au siège de l’Unesco à Paris.
A la vérité, nous avons cru comprendre que ces distinctions, contrairement à celles de vos illustres prédécesseurs encore en vie – tels que le Révérend Desmond Tutu ou M. Nelson Mandela, ces Héros de la lutte contre l’Apartheid – devait plutôt produire, à rebours, des effets positifs pour la paix, l’humanisme et la stabilité dans le monde. De façon à atténuer ou à humaniser un tant soit peu les politiques de guerres meurtrières qui caractérisent dans le monde vos deux nations, les Etats-Unis d’Amérique et la France.
Cependant, depuis que vous dirigez les Etats-Unis et que vous avez reçu le noble Prix Nobel de la Paix, M. le Président OBAMA, vous et votre homologue français, n’avez finalement posé et soutenu que des actes et projets contre la paix et en faveur de la guerre ; tant dans le monde arabe qu’en Afrique. Trahissant ainsi les espoirs pour la paix que le monde entier avait naïvement fondés en vos élections.
En Irak, vous avez achevé de laver l’affront fait aux Etats-Unis et au Président Georges W. BUSH le 11 septembre 2001, en installant le chaos total dans le pays de votre « dictateur » et bouc émissaire Saddam HUSSEIN. Ainsi, depuis le lancement de l’« opération Iraqi Freedom », le 20 mars 2003, sans l’accord préalable du Conseil de Sécurité de l’ONU, jusqu’à la mi-décembre 2011 où vous décidiez d’abandonner l’Irak, le bilan global de cette invasion américaine aura fait plus de « 103 933 à 113 552 civils irakiens morts dans les violences, constituées essentiellement d’attentats et au moins 250 000 civils irakiens blessés ». Et l’organisation National Priorities Project estime à plus de 807 milliards de dollars le coût de la guerre en Irak. (Sources : Iraq Body Count et Globalsecurity. Voir sur le Net.)
M. OBAMA, vous êtes bien aussi responsable de ce gâchis humain et financier !
En Afghanistan, alors que vous annonciez dans vos campagnes électorales le retrait progressif de vos troupes de ce pays, rien n’a véritablement bougé. Pire, en coalition avec l’ONU et la France, les Etats-Unis ont choisi d’y soutenir une démocratie bananière, avec une élection présidentielle émaillée de violences et d’irrégularités des plus graves. Le soutien américain et des Nations-Unies au Président Hamid KARZAÏ étaient si flagrants qu’ils ont été publiquement dénoncés par le n°2 de l’UNAMA (la Mission des Nation Unies de Kaboul). Ce qui lui valut son limogeage. Pour finir, le deuxième tour forcé du scrutin que le Président sortant KARZAÏ avait fini par admettre en acceptant de se voir affecté 49,67% des suffrages, contre 30,59% pour son principal adversaire, l’ex-Ministre Abdullah ABDULLAH du Front National Uni et qui était prévu pour se tenir le 29 octobre 2009, n’a pu avoir eu lieu, à cause de l’ingérence américaine et onusienne trop flagrante, qui mettait en doute la transparence et la crédibilité de cette élection.
Et pourtant, vos gouvernements respectifs et vous-mêmes, vous vous êtes félicités de cette réélection controversée et douteuse de M. Hamid KARZAÏ. Parce qu’il vous est très utile dans votre politique de lutte contre le fameux terrorisme. Une collaboration qui aura été inestimable dans l’assassinat de Ben Laden, déclaré l’ennemi n°1 des Etats-Unis, avec une tête mise à prix depuis 2001 à 25 Millions de dollars, mort ou vif.
Tel aura été votre unique triomphe en Afghanistan !
Dans la crise israélo-palestinienne, qui est un des plus importants dossiers sur lesquels le monde arabe vous attendait, M. OBAMA, vous avez plutôt fait preuve d’un manque de courage et de réalisme, qui retarde l’évolution positive dans la résolution de cette crise sempiternelle. Alors que le monde s’apprêtait à saluer la reconnaissance d’un Etat palestinien, suite au dépôt de la demande d’adhésion de la Palestine à l’ONU introduite par M. Mahmoud ABAS, le 23 septembre 2011, ce qui aurait peut-être mis fin à des décennies de guerres fratricides ayant causé des milliers et des milliers de morts israéliens et palestiniens, vous, M. le Président Barack Hussein OBAMA, le Prix Nobel de la Paix 2009, vous avez dit NON.
En Libye, vous avez osé prendre une part très active dans une guerre incompréhensible et inutile que mena pour des raisons très personnelles l’ex-président français, M. Nicolas SARKOZY, contre le régime de M. Mouammar KADHAFI. Vous y avez soutenu les rebelles du Conseil National de Transition (CNT) pour déstabiliser un régime légal et légitime voulu par les Libyens eux-mêmes. Sinon, qu’est-ce que la démocratie si ce n’est la volonté des citoyens eux-mêmes ? Tout Peuple n’a-t-il pas le Président de la République qu’il s’est librement donné, tout au moins dans sa majorité ?
La capture et l’assassinat de ce Chef d’Etat, le 20 octobre 2011, de la manière la plus crapuleuse qui soit, tel un animal, grâce aux beaux services américains et français, avant de le livrer aux rebelles qui l’ont massacré, signait déjà le premier acte véritable par lequel votre Prix Nobel de la Paix avait perdu toute sa valeur.
En Côte d’Ivoire, MM. les Président OBAMA et HOLLANDE, vous nous avez désagréablement surpris et choqués. Alors que l’opposant HOLLANDE déclarait, sans aucune enquête objective, que le Président Laurent GBAGBO était devenu « infréquentable », vous, le Président de l’’Amérique, vous trahissiez l’Afrique et les Ivoiriens. En effet, au lieu de mettre en pratique votre (beau) discours du 11 juillet 2009 au Ghana, où vous souteniez que l’Afrique n’avait pas besoin de tyrans mais plutôt d’institutions fortes, on vous a plutôt vu vous contredire en suivant votre homologue français d’alors, M. Nicolas SARKOZY, dans ses dérives meurtrières. Ainsi, à cause de votre vision absurde de la démocratie, plusieurs milliers d’Ivoiriens, des enfants, des femmes et des hommes, non-combattants pour l’essentiel, ont péri sous des bombes et des kalachnikovs de la France, de l’Onu et des rebelles.
Et votre gloire franco-américaine aura atteint son comble dans la capture, le 11 avril 2011, du Président de la République Laurent GBAGBO, déclaré vainqueur de l’élection présidentielle du 28 novembre 2010 par le Conseil Constitutionnel. Ainsi, en disant vouloir faire respecter la volonté du peuple, celui qui a voté M. Alassane OUATTARA, vous avez choisi d’anéantir l’autre partie du Peuple, celui qui a élu M. Laurent GBAGBO.
Alors que l’homme de paix que le monde était en droit d’espérer en vous aurait simplement pu proposer ou soutenir le recomptage des voix (du Peuple ivoirien), ou encore demander que le Peuple soit convoqué de nouveau pour un autre scrutin (financé par exemple par les Etats-Unis). Car, en démocratie, c’est au peuple seul qu’il revient de départager les prétendants ; et non à des puissances internationales.
En Egypte (où la crise est en cours), le monde entier vous a saisi la main dans le sac, en flagrant délit de coup d’Etat militaire (que vous avez fini par admettre), contre le pouvoir du Président MORSI, pourtant démocratiquement élu par le peuple égyptien.
En Syrie, enfin, MM. Les Présidents, toute la planète vous voit et suit vos élucubrations ! Vous tenez à bombarder ce pays, simplement pour votre honneur et orgueil baffoués ; puisque selon vos propos et vos critères propres, votre « ligne rouge a été franchie ».
Or, s’il semble vrai que des armes chimiques ont été utilisées dans ce conflit – ce que tout bon sens humain doit condamner, et que nous condamnons avec la dernière énergie ! – comment concluez-vous, MM. Les Présidents OBAMA et HOLLANDE, que ces armes ont été utilisées par l’armée régulière fidèle au Président Bachar al HASSAD, puisque la mission des observateurs de l-ONU n’a pas eu pour mandat de situer les auteurs de ces attaques ?
Comment l’opinion mondiale peut-elle encore vous faire confiance et trouver vos décisions et engagements crédibles dans cette crise, alors que vous avez clairement pris fait et cause dès le début pour les rebelles, islamistes et terroristes syriens, dont les différents responsables sont constamment reçus en France sur le tapis rouge de l’Elysée ?
A qui feriez-vous gober l’idée que vous tenez tant aux populations civiles syriennes, alors que vous vous battez en réalité pour restaurer votre suprématie perdue devant la Russie du Président POUTINE et devant la Chine ?
Et si vous prétendiez ainsi défendre la Démocratie et les Droits de l’Homme, sous le fallacieux prétexte de « la protection des civils contre des pseudo-dictateurs », nous nous permettons de constater que dans les cas libyen, ivoirien ou syrien, votre démocratie est totalement dénuée de son essence : elle ignore les Peuples et les populations ; elle est sans étique, ni morale, ni humanisme. Elle est plutôt meurtrière !
L’Histoire retiendra donc qu’en ce début du XXIe siècle, sous vos présidences respectives, vos pays, les Etats-Unis et la France, se seront comportés en « Etats voyous », qui ont causé des crimes contre l’humanité et violer gravement les Droits de l’Homme et la Démocratie à travers le monde, en violant tous les instruments internationaux !
Vous avez donc menti et trahi l’humanité !
Ni vous, M. le Président Barack OBAMA, ni vous non plus, M. le Président François HOLLANDE, ne méritez de Prix pour la Paix ; puisque vous ne savez faire que la Guerre !
EN CONSEQUENCE, ET CONTRE VOTRE GUERRE EN SYRIE ;
Nous invitons les Humanistes du monde entier, les Epris de Paix et de Démocratie, tous les Défenseurs des Droits de l’Homme, à SE MOBILISER et à S’INDIGNER !!!
Nous devons refuser que notre Planète et les vies humaines qui la peuplent soient les terrains d’expérimentation de vos nouvelles inventions d’armes et d’avions de guerres !
Et si vos frappes contre la Syrie et son peuple venaient à être lancées, dans tous les pays du monde, en Amérique, en Europe, en Asie ou en Afrique, nous devrions tous descendre dans les rues, pour dénoncer et condamner votre politique criminelle occidentale et surtout exiger que le Prix Nobel de la Paix et le Prix Félix Houphouët Boigny pour la recherche de la Paix soient retirés à chacun de vous, Présidents Barack OBAMA et François HOLLANDE.
(SOURCE DU TEXTE : NOTRE LIVRE
« LA GUERRE D’ABIDJAN N’AURAIT JAMAIS DÛ AVOIR LIEU. »)

Fait à Rome, le 1er septembre 2013

Dr BOGA Sako Gervais