Scandale - Suède: « François Mitterrand était mon papa »

Par Libération.fr | En Suède, un candidat aux législatives se revendique le fils illégitime du président français.

Portrait de Hravn Forsne, sur le site officiel du parti des Modérés suédois (Photo Moderaterna Kungsbacka)

Un candidat de centre-droit aux législatives en Suède s’est présenté dans la presse locale vendredi comme le fils illégitime de l’ancien président de la République François Mitterrand.

Hravn Forsne, 25 ans, est le fils de Christina Forsne, 66 ans, qui a déjà raconté sa liaison avec le président socialiste à l’époque, entre 1980 et 1995, où elle était correspondante à Paris pour le quotidien Aftonbladet et la télévision publique suédoise.

Christina Forsne s’est toujours refusée à répondre aux questions sur l’identité du père de son enfant, né en novembre 1988. Mais ce dernier a affirmé que ce père était bien François Mitterrand. «Je veux être jugé pour ce que je suis, pas pour qui était mon père. Mais d’accord, c’est comme ça. François Mitterrand était mon papa», a-t-il déclaré au Kungsbacka-Posten. Dans le quotidien suédois Dagens Nyheter, il affirme avoir rencontré François Mitterrand «cinq ou six fois» à l'époque où il vivait avec sa mère en France et précise qu’il avait sept ans quand celui-ci est mort du cancer.

«Je suis un politicien suédois, et c’est la politique suédoise qui m’intéresse»

Interrogé par l’AFP, Hravn Forsne a dit ne pas souhaiter revenir sur le sujet. «J’en parle seulement avec les médias locaux, parce que c’est important pour eux et pour mes concitoyens, pour les électeurs de connaître leur candidat, mais pas pour les médias internationaux», a-t-il déclaré, en français. Il a ajouté ne pas rechercher la notoriété en France. «Je suis un politicien suédois. Et c’est la politique suédoise qui m’intéresse», a-t-il expliqué.

Cependant, il a admis suivre l’actualité française via la radio sur internet. «J’essaie d’écouter beaucoup RTL et Europe 1. J’ai découvert, là, les podcasts de Questions critiques [émission de France Inter] et du Grand Jury [RTL-LCI-le Figaro], et j’aime beaucoup», a-t-il raconté.

Hravn Forsne, qui habite à Kullavik (sud-ouest), est membre du parti des Modérés du Premier ministre Fredrik Reinfeldt, et spécialiste des questions d’éducation. D’après la presse suédoise, il est en position éligible aux législatives du 14 septembre ainsi qu’aux municipales.

Si François Mitterrand était bien son père, il avait 72 ans quand ce fils est né. Le premier président socialiste de la Ve République a eu trois fils avec son épouse Danielle, puis une fille, Mazarine Pingeot, née en 1974 d’une liaison.

Mitterrand, déjà héros d'un roman à clé de la mère d'Hravn Forsne

Au journal Aftonbladet, en 2012, Christina Forsne avait confié avoir vécu une histoire d’amour intense avec François Mitterrand, rencontré en 1979 à l’occasion d’un congrès de l’Internationale socialiste à Brommersvik, près de Stockholm.

Selon elle, alors qu’elle l’interrogeait en tête à tête, il l’avait coupée pour dire: «Vous ne parlez que de politique, mademoiselle? Vous n’aimez pas la vie?» Il avait alors 62 ans et elle 31. Leur relation commence quand elle arrive à Paris et qu’il n’est pas encore président. Le matin même de son élection, le 10 mai 1981, il lui téléphone. «Il était dans son lit et moi dans le mien, dans des endroits différents. On a parlé vingt minutes et il a plaisanté: "ce soir je prends ma retraite"».

Au lieu de cela, regrettera-t-elle, les obligations du locataire de l’Élysée rendront les rencontres beaucoup moins fréquentes qu’ils ne le voudront. D’après elle, elle a profité parfois d’une entrée dérobée aux jardins du palais qu’on laissait ouverte.

«On se faufilait à l’extérieur quand les gardes ne faisaient pas attention, et on s’échappait en ville. Nous rêvions de pouvoir vivre comme tous les autres», rapportait Christina Forsne. D’après elle, Danielle Mitterrand était au courant de la relation, et de nombreux confrères de la journaliste la soupçonnaient fortement.

Christina Forsne est l’auteur d’une biographie de François Mitterrand («Vous n’aimez pas la vie?», 1997), où elle se disait amie très proche, et d’un roman («Notre homme dans le monde», 2012), qui narre la liaison entre un président français appelé «Léo» et une journaliste suédoise.

LIBERATION avec AFP