Scandale Foncier rural – La Côte d’Ivoire en vente : 23 millions d'hectares de terre à brader

Par IVOIREBUSINESS – 23 millions d’hectares de terre à brader, selon le ministre Coulibaly Mamadou Sangafowa.

Le ministre de l’Agriculture, Coulibaly Mamadou Sangafowa, était jeudi dernier face à la presse, à l’occasion des « Rendez-vous » du centre d’information et de communication du gouvernement (Cicg).
A cette occasion, il a fait une révélation de taille en affirmant que près de 23 millions d'hectares de terre ivoiriennes sont à immatriculer pendant une nouvelle période probatoire de dix ans. Une urgence selon lui eu égard au maigre bilan de la mise en œuvre de la loi relative au foncier rural de 1998 et votée sous Henri Konan Bédié.

Une urgence selon le ministre alors que le contexte politique est actuellement très défavorable à cause des 100.000 exilés politiques que compte la Côte d’Ivoire, des millions de déplacés de guerres, de la sécheresse financière des caisses de l’Etat, de l’absence de réconciliation nationale préalable, et de la faiblesse de l’administration dans plusieurs villes de l’Intérieur qui rend impossible la mise en œuvre de procédures d’obtention d’un titre foncier en l’état actuel.
On l’a donc compris. Il s’agit d’une opération de bradage de grande envergure des terres ivoiriennes au profit des allogènes Burkinabé, à la va-vite, pendant que les ivoiriens sont en fuite, en exil, ou sont empêchés par les armes, d’accéder à leurs terres.
Mais le ministre Sangafowa tente de faire passer la pilule en douceur en transformant le bradage des terres en vaste opération de réparation de torts et de conflits fonciers : « Tout le monde peut accéder au foncier mais tout le monde ne peut être propriétaire. Nous allons mettre l’accent sur le fait que toute transaction qui est faite de manière illégale dans le domaine du foncier rural non seulement il ne va produire aucun effet mais ceux qui le font vont s’exposer à la rigueur de la loi », a déclaré le ministre.

M. Coulibaly Sangafowa prend soin de rappeler que les multinationales étrangères sont les bienvenues au festin national et que des contrats de bail emphytéotique leurs seront délivrés, car dira-t-il, « la modernisation de notre système de production agricole passe nécessairement par la clarification foncière des terres agricoles ».
Nous y reviendrons.

Serge Touré