Gabon: A QUI PROFITE LA MORT DE MBA OBAME ?

Par IvoireBusiness/ Débats et Opinions - A QUI PROFITE LA MORT DE MBA OBAME ?

MBA OBAME.

Le Gabon et l’Afrique toute entière viennent de perdre un enfant doué, bien formé et qui a servi admirablement son pays à des postes stratégiques avec le président Omar Bongo Ondimba.
Sa compétence a été reconnue par tout le monde, amis et adversaires, son patriotisme aussi. Lorsqu’il a décidé en 2009 de rejoindre les rangs de l’opposition; il a toujours gardé une attitude responsable. C’est ainsi qu’après les élections présidentielles de 200, il a contesté les résultats en observant une grève de la faim. Il n’a ni cautionné ni favorisé quelque acte de violence que ce soit.
C’est pourquoi les heurts constatés à Libreville après l’annonce de sa disparition sont non seulement injustifiables; mais ils sont surtout incompréhensibles.
Malade depuis de nombreuses années, Mba Obame est certes victime d’un destin cruel-il est mort à un âge relativement jeune- mais personne n’est à blâmer de ce sort funeste. Et cela les gabonais, hommes et femmes de foi et de raison le comprennent parfaitement. Les présidents Léon Mba et Omar Bongo Ondimba ont aussi tiré leur révérence à la suite de maladies. Il est en est de même pour tant d’autres dans tous les pays de la planète tous les jours.
Alors pourquoi ces heurts à Libreville? Pourquoi cibler des missions diplomatiques symboles par excellence de l’amitié et de la fraternité entre les pays et les peuples? La main d’une certaine opposition qui cherche, depuis des mois, à créer une situation insurrectionnelle au Gabon en vain pourrait y être pour quelque chose. Les déclarations tendancieuses de Jean Ping qui parle de : « ses bourreaux tapis dans l’ombre ont réussi la mission qu’ils ont confiée à leurs sbires …qui sera le suivant.. . » sont non seulement mal venues alors qu’un deuil frappe la nation gabonaise. Mais elles sèment le trouble et pourraient attiser haine et violence. C’est sans doute le but de la manœuvre .En pure perte ! S’il était possible d’utiliser les maladies comme moyen pour écarter des adversaires politiques; cela se saurait.
Et puis la vraie question qui se pose est de savoir à qui profite la mort de Mba Obame ?
Le gouvernement perd un opposant de valeur qui, même s’il n’était arrivé que troisième en 2009 était un interlocuteur potentiel au vu de l’immense expérience politique partagée avec le président Ali Bongo. Les liens de fraternité qui ont uni ces deux là sont plus forts que la rivalité politique qui les a opposés récemment. Des retrouvailles étaient possibles et c’est ce qui inquiétait au plus haut point Jean Ping qui cherche à caporaliser l’opposition gabonaise.
Jusqu’ici ses tentatives d’imposer son leadership se sont fracassées sur le rocher du refus catégorique de Mba Obame qui ne pouvait pas pardonner à Ping ses visées hégémoniques et déstabilisatrices. C’est bien Ping qui s’est attelé, dés son entrée en opposition, à essayer de débaucher deux piliers du parti de Obame à savoir le Pr John Nambo et Me Lubin Ntoutoume. Cette entreprise de déstabilisation s’est soldée par un échec retentissant et lui a aliéné à jamais la confiance et la considération de Mba Obame. Et l’attitude constante de défiance de Obame vis-à-vis de Ping le confirme: jamais il n’a voulu le rencontrer; jamais il ne l’a reçu.
Ping s’est rendu à Tunis et à Niamey pour « provoquer » une audience avec Obame sans succés car ce dernier a refusé de le voir. Il s’agit d’une attitude de défiance absolue, de rejet confortée par des faits incontestables qui témoignent du jeu fourbe de Ping .
Conscient qu’il n’a pas de représentativité réelle dans le pays, Ping cherche à prendre en otage l’opposition pour réaliser sa folle ambition.
Obame qui a compris très vite le danger que représente Ping, septuagénaire pressé, a mis une distance infranchissable entre lui et le flibustier. Les vrais partisans de Obame savent bien en quelle piètre estime leur leader tient Ping. Jamais ils ne vont se jeter dans ses bras. Pourquoi lui ferait-il confiance? Et puis a-t-il des chances réelles dans la course au fauteuil présidentiel. Rien n’est moins sûr au vu de ses tâtonnements et de sa stratégie de la terre brûlée qui ne lui a valu jusqu’ici que des déboires. La diabolisation du régime de Ali Bongo qu’il s’échine à vouloir faire admettre n’est étayée par aucun argument solide.
Il n’y a aucune velléité de fausser le jeu démocratique de la part du gouvernement gabonais. Au contraire! Tout se passe dans les règles de l’art dans la préparation des échéances électorales de 2016.
Ping est pressé par l’âge; mais il devra prendre son mal en patience. Sinon un retour de boomerang politique n’est pas à écarter.
En ce qui concerne le front uni de l’opposition (FUOP) des pointures comme Zacharie Myboto ne lui laisseront pas la place pour ses beaux yeux. Le réalisme politique exige que celui qui est le mieux placé soit choisi. Il ne s’agit pas nécessairement du doyen d’âge. Il y a aussi et surtout la question de la fiabilité, de la sincérité, de la loyauté et de la fidélité.
Sur ce plan Ping a mission impossible à accomplir. C’est aussi ce que met à nu le grand âge qui est le sien. Ping a laissé une trainée de poudre sulfureuse le long de sa longue carrière politique. Il a été de tous les revirements et de tous les coups tordus. Tomber en vieillesse dans l’opposition ne donne pas l’absolution.
Mba Obame mort fige pour l’éternité une position de défiance vis-à-vis de Ping. Ses partisans qui veulent perpétuer son combat politique et continuer à honorer sa mémoire tourneront le dos logiquement à celui que leur leader avait toujours considéré comme un pestiféré.
Alors si Ping pense que la mort de Mba Obame va lui profiter politiquement; il se trompe lourdement. Encore une fois.

Antoine AUBAME, Genève/SUISSE