François Patuel (Amnesty international) : « Ouattara doit arrêter d’empêcher les meetings de la CNC et d’arrêter ses opposants »

Par IvoireBusiness - François Patuel (Amnesty international) « Ouattara doit arrêter d’empêcher les meetings de la CNC et d’arrêter ses opposants ».

Au micro, Francois Patuel, chercheur sur l'Afrique de l'Ouest chez Amnesty International.

François Patuel, chercheur sur l'Afrique de l'Ouest chez Amnesty International

«A l’approche des élections, les autorités doivent mettre fin aux manœuvres de harcèlement et d'intimidation continuelles que subissent les militants de l’opposition politique».
Le 9 septembre dernier, le conseil constitutionnel a validé une liste de dix candidats à la présidentielle de ce mois alors que 33 avaient déposé leur dossier à la Commission électorale indépendante.
Des partis politiques de l’opposition ont organisé une série de manifestations pour dénoncer les conditions du processus électoral. Si la plupart de ces rassemblements étaient pacifiques, certains ont mené à des violences intercommunautaires faisant au moins deux morts dans les villes de Bayota (centre-est) et Gagnoa (centre ouest).
Plusieurs opposants ont été arrêtés suite à ces violences et, selon des informations obtenues par Amnesty International, ont été soumis à des mauvais traitements. Selon toujours ces informations, un des opposants, Samba David, a été arrêté le 13 septembre 2015 à son domicile dans le quartier de Yopougon (Abidjan) par huit hommes armés, en uniforme noir. Sa maison a été saccagée et il a été frappé à coups de crosse, y compris au niveau des organes génitaux. Il a été détenu au secret pendant deux jours sans accès à un médecin, malgré ses blessures.
Samba David n’a obtenu l'assistance d’un avocat que les 15 et 16 septembre, avant d’être inculpé pour atteinte à l'ordre public, discrédit d’une décision judiciaire, provocation à l’insoumission et complicité dans la destruction de biens. Le 17 septembre, il a été transféré sans que son avocat en soit informé à la Direction de la surveillance du territoire (DST). Il y a été détenu sans accès à son avocat jusqu’à sa comparution devant le tribunal le 30 septembre. Le 2 octobre dernier Samba David a été condamné à six mois de prison ferme.
Par ailleurs, selon des informations recueillies par Amnesty International, Kouamé Akpalé Richmond et Douadé Gildas ont été arrêtés le 9 septembre à leur domicile de Yopougon (Abidjan), et détenus sans inculpation jusqu'au 17 septembre, alors que la loi ivoirienne prévoit que la garde-à-vue ne peut excéder 48 heures renouvelables une fois à la demande d'un magistrat ou d'un procureur. Ils ont été inculpés d’atteinte à l'ordre public et transférés à la DST où ils ont été détenus sans avoir accès à leurs avocats jusqu’à leur procès le 30 septembre devant un tribunal qui a finalement décidé d’abandonner les poursuites contre eux et ordonné leur libération.
La Côte d’Ivoire ne doit pas utiliser les violences politiques et intercommunautaires comme prétexte pour restreindre la liberté de réunion pacifique et procéder à des arrestations arbitraires d’opposants.

Les autorités doivent s’assurer que les auteurs de ces violences soient identifiés à la suite d’une enquête indépendante et traduits en justice par le biais d’un procès équitable ».

Francois Patuel, chercheur sur l'Afrique de l'Ouest chez Amnesty International