Exclusif - Torturé par le régime Ouattara, Blé Goudé à ses avocats : "Je suis tenu au secret, enfermé 24 h sur 24"." Je n’ai pas de lecture. Tout m’est interdit. Je n’ai même pas de stylo"

Par Notre Voie - Blé Goudé à ses avocats « On veut empêcher mon cerveau de fonctionner »

PHOTO: Maîtres Blédé Dohora, Félix Bobré et Serge Gbougnon du collectif des avocats de Charles Blé Goudé, hier,
pendant la conférence de presse.

Torturé au secret par le Pouvoir ivoirien depuis son extradition du Ghana, en janvier 2013, Charles Blé Goudé raconte son martyre à ses avocats. C’est un homme menacé de mort qui appelle à l’aide.
«On veut empêcher mon cerveau de fonctionner. Je n’ai pas de lecture. Tout m’est interdit. Je n’ai même pas de stylo. Il faut que ça change. Il faut que vous vous battiez pour que mes conditions de détention changent. Je suis tenu au secret, enfermé 24 h sur 24. J’ai juste un téléviseur qui est dans ma chambre et qui ne diffuse que des programmes de la télévision nationale. En dehors de ça, je n’ai pas d’autres activités.
Je ne peux pas sortir même dans la cour du lieu où je suis détenu. Les repas qu’on me sert, c’est du riz déni kachia avec un tout petit morceau de viande… ».
Ces propos sont de Charles Blé Goudé qui les a confiés à ses avocats lors de son audition, le mardi 11 mars 2014, dans un lieu tenu secret. Il y a donc 5 jours. Le leader du Cojep affirme sans ambages que ses conditions de détention sont très pénibles.
Des conditions de détention qui n’ont pas changé. Selon ses avocats, l’ex-ministre Charles Blé Goudé, prisonnier politique du régime Ouattara, est toujours soumis à un isolement total contrairement à ce que le gouvernement tente de faire croire à l’opinion publique. Lors de la conférence de presse qu’ils ont animée, hier, à Cocody-Les 2 Plateaux (Abidjan), Maîtres Blédé Dohora, Félix Bobré et Serge Gbougnon, ont affirmé que leur client est toujours détenu dans des conditions inhumaines. «Il n’a aucun contact avec personne. Et il est resté dans ces conditions jusqu’à ce jour », ont regretté les trois membres du collectif des avocats de
Charles Blé Goudé. Avant de préciser qu’ils ignorent le lieu actuel de détention de leur client. A les en croire, les conditions de détention de M. Blé Goudé sont restées inchangées jusqu’au mardi 11 mars 2014, date de son interrogatoire.
Une audition qui s’est déroulée en présence de cinq magistrats dont le procureur de la République.

Blé Goudé: « C’est très éprouvant pour moi »

Avant de répondre aux questions du juge instructeur, Blé
Goudé a demandé, selon ses avocats, la permission de faire des observations sur ses conditions de détention.
Voici ce qu’il a dit tel que rapporté par le collectif des
avocats : «On m’a fait changer de lieu de détention. Mais les conditions difficiles dans lesquelles j’ai toujours vécu n’ont pas changé. C’est
très difficile, c’est très éprouvant pour moi. C’est vrai, j’ai été détenu 9 fois dans ma vie. Mais la détention que je vis actuellement n’a rien à voir avec les précédentes détentions.
Chaque minute, chaque seconde que je vis en détention est pour moi un combat. Je suis enfermé. Je
n’ai personne avec qui parler.
Sauf le jour où un élément de mes geôliers est venu me dire : je vais te faire joli. Je raconte exactement les phrases du geôlier : je vais te faire joli. Je lui demande: pourquoi tu veux
me faire joli ? Il me répond: je vais te faire joli. Je ne voulais
pas qu’on me fasse joli, mais je n’avais pas les moyens de résister. Et il a fait venir ses instruments et
il m’a coiffé et rasé. C’était à
14 h. Je lui ai dit : comme tu
m’as fait joli, donne-moi un
miroir et je vais voir maintenant à quoi je ressemble.
Et il me donne le miroir poliment, je me regarde et lui dis : bon, tu m’as fait joli,
mais permets-moi d’utiliser ton rasoir pour ajuster ma
barbe».
Les avocats de Blé Goudé précisent que ce témoignage
de leur client se rapporte à des faits qui se sont déroulés
la veille de son audition. A savoir, le lundi 10 mars 2014.
L’audition a lieu, le mardi 11 mars, dans un endroit tenu secret « pour les besoins de
la cause », indiquent les avocats. Qui expliquent que le leader du Cojep leur a aussi
dit que lorsqu’on le transférait de la Dst à son lieu actuel de détention, il n’était en
possession d’aucun de ses
vêtements. Le caleçon qu’il portait était le seul vêtement dont il disposait ce jour-là, ajoutent les avocats. «Il porte un T-shirt qu’on voit dans la dernière série de photos et le pantalon jean qui sont les seuls vêtements qu’il avait depuis le 2 janvier 2014 à ce jour», rappellentils avant de faire remarquer que quand Blé Goudé lave ses habits, il est obligé de rester nu jusqu’à ce que ceux-ci sèchent. Ils affirment que c’est seulement la veille de son audition que les vêtements qui avaient été confisqués ont été ramenés à leur client.

Robert Krassault
ciurbaine@yahoo.fr

NB: Le titre est de la rédaction.