Dimanche sanglant à Gaza: au moins 100 Palestiniens et 13 Israéliens tués

Par TV5 avec AFP - au moins 100 Palestiniens et 13 Israéliens tués à Gaza.

Un médecin palestinien évacue le corps d'une petite fille à Chajaya, en banlieue de Gaza, pilonnée le 20 juillet 2014. afp.com - Thomas Coex.

Gaza (Territoires palestiniens) (AFP) - Au moins 100 Palestiniens sont morts dimanche dans le pilonnage par l'armée israélienne d'une banlieue de Gaza, faisant de cette journée la plus sanglante depuis le début du conflit, où 13 soldats israéliens ont été tués et, selon le Hamas, un autre kidnappé.

Dirigeants palestiniens et Ligue arabe ont accusé Israël de commettre un "crime de guerre" en pilonnant Chajaya, tandis que le secrétaire général de l'ONU Ban ki-Moon s'apprête à entamer une tournée dans la région pour tenter de mettre fin au conflit qui a déjà tué 438 Palestiniens.

Pour l'armée israélienne, il s'agit aussi d'une journée noire: avec 13 soldats de la brigade d'élite Golani tués, le bilan des militaires morts dans l'offensive monte à 18, un nombre jamais vu depuis la guerre du Liban en 2006. L'armée a aussi comptabilisé au moins 55 blessés.

La branche armée du Hamas a revendiqué dimanche soir l'enlèvement d'un soldat israélien, déclenchant des manifestations de joie dans les rues de la ville de Gaza.

"Le soldat israélien Shaul Aaron est entre les mains des Brigades Ezzedine al-Qassam", le bras armé du mouvement islamiste, a déclaré leur porte-parole Abou Obeida dans une allocution télévisée.

L'armée israélienne a répondu qu'elle était "en train de vérifier".

Deux civils israéliens sont morts depuis le lancement le 8 juillet de l'opération Protective Edge ("Bordure protectrice") lancée pour neutraliser les capacités militaires du Hamas dans la bande de Gaza.

- 'Massacre' à Chajaya -

Les forces israéliennes ont fait état de leurs pertes après une journée marquée par le pilonnage sanglant de Chajaya, située non loin de la frontière israélienne, qui a tué au moins 62 Gazaouis, le bombardement le plus meurtrier depuis la guerre de 2008-2009 dans l'enclave palestinienne.

Et avec 100 morts à travers la bande de Gaza, cette 13e journée d'offensive israélienne est devenue la plus sanglante de la campagne militaire.

A Chajaya, une journaliste de l'AFP a décrit des scènes de carnage et de chaos, tel cet homme éventré et à la tête arrachée.

"Chajaya est une zone civile où le Hamas a placé ses roquettes, ses tunnels, ses centres de commandement", a justifié l'armée, "cela fait des jours que nous avons prévenu les civils de Chajaya qu'ils devaient évacuer. Le Hamas leur a ordonné de rester, c'est le Hamas qui les a mis dans la ligne de mire".

Le "massacre" de Chajaya, une banlieue à l'est de la ville de Gaza, a été dénoncé par les dirigeants palestiniens et la Ligue arabe qui ont accusé Israël de commettre un "crime de guerre", Mahmoud Abbas appelant depuis le Qatar à une réunion d'urgence du conseil de sécurité de l'ONU sur "la situation insupportable" à Gaza.

Le président palestinien devait rencontrer à Doha le chef en exil du Hamas, Khaled Mechaal, qui réclame la levée complète du blocus de Gaza, l'ouverture du poste-frontière de Rafah avec l'Egypte et la libération de prisonniers.

A Doha, où il a entamé sa tournée au Moyen-Orient, M. Ban a pour sa part pressé Israël de "faire beaucoup plus" pour épargner les civils dans son offensive militaire contre la bande de Gaza, condamnant "l'action atroce" de l'armée à Chajaya.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a pour sa part revendiqué "le soutien très fort de la communauté internationale".

"En tant qu'Etat démocratique, Israël utilise des outils de légitime défense pour se battre contre ceux qui nous tirent des roquettes", a-t-il ajouté au cours d'une conférence de presse.

Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a accusé le mouvement islamiste, qui contrôle la bande de Gaza, de refuser "obstinément" un cessez-le-feu.

- 438 Palestiniens tués, 81.000 déplacés -

Au total l'offensive israélienne a fait au moins 438 morts et plus de 3.000 blessés, des civils pour l'essentiel. L'ONU à Gaza accueille 81.000 personnes déplacées par le conflit.

L'armée a annoncé dimanche l'intensification de son offensive terrestre, lancée jeudi, pour neutraliser les tirs de roquettes et les tunnels du mouvement palestinien, considéré comme terroriste par Israël et l'Occident.

Ce conflit, le plus sanglant depuis 2009 à Gaza, est le quatrième entre le Hamas et Israël depuis 2006.

L'armée a fait état de 341 cibles visées dimanche. Quatorze tunnels allant vers Israël pour "commettre des attaques terroristes" ont été détruits et 110 "terroristes" tués. Dans le même temps 87 projectiles ont été tirés sur Israël depuis Gaza dimanche, a indiqué l'armée.

Israël a mobilisé 53.200 hommes sur les 65.000 réservistes autorisés par le gouvernement pour l'offensive sur cette petite bande de terre de 362 km2 où s'entassent dans la misère 1,8 million d'âmes, soit l'une des densités de population les plus fortes au monde.

La nouvelle spirale de violence a été déclenchée après le rapt et le meurtre de trois étudiants israéliens en juin, attribués par Israël au Hamas, suivis de l'assassinat d'un jeune Palestinien brûlé vif à Jérusalem.

Par Antoine LAMBROSCHINI, Mai YAGHI