Débats et Opinions - Réquisitoire contre la Francophonie: La Francophonie, illusions et amertumes

Par IvoireBuisness/ Débats et Opinions - Réquisitoire contre la Francophonie. La Francophonie, illusions et amertumes.

Dr Serge-Nicolas NZI.

I - Le siège de l’organisation internationale de la Francophonie, se trouve dans de très beaux locaux au 19-21 avenue Bosquet 75007, à Paris en France. Avec environ trois cents cinquante, fonctionnaires et un budget d’environ 85 millions d’euros, c’est grâce à ce petit machin que la France veut se donner une chance de promouvoir sa langue et continuer à vampiriser nos malheureux pays africains.

L’opinion africaine a un regard sans complaisance sur ce petit machin qu’est la francophonie. Son regard est différent de celui des gouvernements structurellement en faillites et redevables à la France qui les a aidé à se maintenir au pouvoir. En temps normal certain de ces chefs d’états africains ne méritent même pas de diriger un quartier à plus forte raison un village, une ville ou un département. Les dictateurs liés à la France ne traduisent pas le fond de notre pensée envers cette affaire franco-française qu’est la francophonie.

Comment pouvons-nous nous impliquer dans la défense et la promotion de la langue française quand notre relation avec le principal locuteur se nourrit de ressentiments, d’amertumes et d’illusions. Au somment de la Francophonie à Kinshasa au Congo RDC, du 13 au 14 octobre 2012, le président François Hollande, dont la fourberie nous a été révélé par son ex compagne, s’est emmené en retard à l’ouverture du sommet. Quarante cinq minutes d’une attente sans fin. N’avait-il pas le programme, ne comprenait-il pas la gêne visible de ses hôtes congolais ? Peut-il se comporter ainsi s’il recevait à l’Elysée des chefs d’état européens ? À ce niveau de responsabilité ou on est totalement mal élevé ou alors c’est de l’inconscience.

Souvenez-vous de tous les vœux pieux étalés à Kinshasa en octobre 2012, la paix dans la région des grands lacs et tous les beaux discours de circonstance. Quant a Nicolas Sarkozy, son discours du 26 juillet 2007 à l’université de Dakar a achevé de nous convaincre de sa mauvaise foi, son manque de modestie, son arrogance pathologique et sa malhonnêteté intellectuelle. En déclarant que : << l’homme africain n’est pas assez rentré dans l’histoire. >>

Il a confirmé ce que nous avons toujours pensé de la France, une vieille nation lâche, au passé collaborationniste et surendettée, totalement éprise d’elle-même, oublieuse de son propre passé colonial esclavagiste et qui croit que c’est par son arrogance qu’elle se fera respecter des autres. Ce n’est qu’un petit tigre en papier et donc sans griffes. Voilà aujourd’hui le même Sarkozy, il est soupçonner par la justice de son pays d’être allé chez une vielle femme malade qui n’a plus toute sa tête, pour lui prendre de l’argent, voilà le genre d’homme que la France mérite. Dans ce cas nous avons plus de considération pour un bandit de la pègre parisienne qu’un politicien de cette nature.

Si la francophonie piétine visiblement depuis des années, si elle n’arrive pas à susciter de l’enthousiasme auprès du public africain, c’est en grande partie à cause du comportement des français eux-mêmes et des incohérences des différents gouvernements français de gauche comme de droite. On nous dit que la Francophonie est la communauté des peuples ayant en commun l’usage de la langue Française.

En réalité la France veut faire de la Francophonie et de ses institutions, des outils de domination ou d’affirmation de sa politique internationale. Un outil d’ambition et aussi pour s’assurer un certain rayonnement dans le monde alors que nous savons tous que c’est un vieux pays lâche au passé collaborationniste, un vieux pays essoufflé qui n’est même pas capable de porter et de défendre seul sa propre langue dans le monde mondialisé. L’Allemagne n’a pas besoin de tous ces artifices, c’est une puissance qui regarde la France voisine s’épuiser et s’embourber continuellement dans un marécage sans fin.

Faire de la francophonie un rempart contre le monolinguisme est un projet grandiose, mais pour qui ? Et surtout au profit de qui ? Les africains sont-ils prêt aujourd’hui à mener des combats d’arrière garde aux côtés de la France et pour quelles valeurs ? Nous nous souvenons avec amertume du sort que le pays des droits de l’homme avait réservé aux soldats africains qui se sont battus aux côtés de la France pendant les deux grandes guerres.

Nous nous rappelons de la manière dont la France oublieuse avait traité le simple problème des pensions militaires des anciens combattants africains. Nous avons simplement tiré les leçons de cet épisode tragique pour dire que nous ne sommes plus prêt à mener un quelconque combat aujourd’hui pour défendre ce qui revient de droit à la France. Chacun lutte pour sa propre survie, c’est comme cela que le monde fonctionne.

Le fait d’utiliser le français dans les échanges internationaux ne fait pas forcement de nous des francophones, le français pour un africain n’est rien d’autre qu’une langue d’emprunt. Car ils sont nombreux aujourd’hui les africains capables de passer avec la même facilité de l’anglais à l’espagnol, à l’italien ou du français à l’Allemand. La vie humaine fait qu’à un moment de l’histoire on emprunte un outil pour labourer et semer pour soit même et le temps aidant on fini par avoir les siens propres pour ne plus demander celui du voisin.

Des prêtres catholiques français et des pasteurs protestants américains avaient fait l’effort d’apprendre nos langues et de converser avec nous dans nos villages au fin fond de la jungle africaine, pour nous apporter les évangiles du Christ. Ils étaient appréciés et c’étaient pour les besoins de la cause, cela ne faisait pas d’eux des bantouphones, des mandéphones, des arabophone ou des akanophones. Ce sont des langues d’emprunt pour les besoins d’une cause précise et basta.

Tel est la situation des africains dans la francophonie institutionnelle qui est devenue une sorte d’ONU autour le la France qui veut se donner l’illusion d’être une grande puissance, alors que c’est un pays à bout de souffle. Les objectifs de la francophonie sont en complète contradiction avec le comportement de la France et des français en Afrique.
- Promouvoir la langue française, la diversité culturelle et linguistique,
- Promouvoir la paix, la démocratie et les droits de l'homme,
- Appuyer l’éducation, la formation, l’enseignement supérieur et la recherche,
- Développer la coopération au service du développement durable et de la solidarité,
II - Examinons des contradictions dans les buts à atteindre
A) - Promouvoir la langue française, pour nous africain,
La promotion de la langue française commence par l’école, hors l’école est en crise un peu partout en Afrique.
- Des enseignants sous-payés, des classes surpeuplées, le manque de matériels didactiques,
- Arriérés de plusieurs mois de salaires pour les enseignants dans certains pays,
Au niveau du supérieur la plupart des universités africaines francophones délivrent des diplômes qui ne servent même plus à trouver du travail sur place. Bref, l’école ne donne plus d’horizon à personne. Bizarrement seuls les diplômes des universités anglophones ont plus la côte chez nous. De la diversité culturelle parlons en, regardez les rires des français sur votre passage quand vous appelez : Ologbami, Boguifo, Amanani, ou Alomo votre nom est pour eux une raillerie et ils veulent pourtant que vous participez à la promotion de leur langue alors qu’ils méprisent votre identité.
B) - la promotion de la paix, de la démocratie et de la stabilité en Afrique passe par la reconnaissance du libre choix des électeurs. Hors la France à contribuer à favoriser des dictatures criminelles à la tête de nos pays africains. Certains présidents africains n’hésitaient pas hier encore à dire en pleine campagne électorale qu’ils ont leurs entrées et sorties au palais de l’Elysée à Paris, pour bien nous faire comprendre qu’ils sont les candidats appuyer par la France qui décide de qui doit gouverner nos malheureux pays africains.
La manière et la façon dont le fils Eyadema fut installé sur le trône de la monarchie héréditaire togolaise à Lomé. La manière dont le fils Bongo fut installée sur le trône gabonais de Libreville au Gabon, la manière dont Denis Sassou Nguesso est revenu au pouvoir en 1997, après avoir perdu les élections présidentielles au Congo Brazzaville en 1992.
La manière particulière dont Allassane Ouattara fut installée sous les bombes françaises à Abidjan. Sans parler des élections truquées cautionnées par la France et ses barbouses dans différents pays africains, montre que la France ressemble trait pour trait à cet animal de nos régions des savanes africaines, qui détruit toujours son propre habitat après des harassants travaux de construction. Nous n’avons jamais vu la France patrie des droits de l’homme à nos côtés dans nos luttes simples comme notre droit de vivre libre chez nous, de ne pas être torturé, de manger à notre faim, de nous exprimer librement et de ne pas être emprisonner sans raison.
Regardez le Tchad, la république Centrafricaine, le Gabon et les deux Congo et vous comprendrez que ce genre de choix unilatéral de la France ne fait que favoriser des tensions interethniques, à compromettre la paix, la stabilité de nos pays et surtout à accentuer le sous développement économique et social. Ces choix favorisent la médiocrité, la prévarication, la corruption et la gabegie. En réalité en prétendant défendre le droit de l’homme la France active toujours l’organisation internationale de la Francophonie pour couvrir ses petits intérêts sordides, égoïstes, mesquins, particuliers, partiels et parcellaires.
C) - La Coopération universitaires, est en panne depuis longtemps, les bourses d’études de la France vers nos pays africains se raréfient d’année en année. Ils sont nombreux ceux qui se tournent vers les pays anglophone, USA, Grande-Bretagne, Canada, Australie, New Zélande, l’Inde, le Japon ou Chine.
Ces pays accordent trois fois plus de bourses aux pays francophones d’Afrique. Observez bien les universités françaises, combien d’entre elles ont des écrivains africains dans leurs programmes d’enseignements littéraires ? Presque nul. En réalité ils nous méprisent et pourtant ils veulent que nous nous précipitons pour défendre leur langue en recule et qui finalement a besoin de nous pour sa survie. Incroyable accident de l’histoire.
Ils sont nombreux les africains qui ont préféré achever leur formation universitaire dans les pays nord américains et aussi de nombreux professeur africains formé en France qui ont franchit le pas pour aller offrir leur service aux universités des USA et du Canada, car la France n’a plus rien d’attrayant à leur offrir.
D) - Favoriser la coopération au service du développement durable et de la solidarité
dans l’immense génocide rwandais la France avait inconsciemment soutenue les génocidaires hutus contre les forces du FPR qu’elle considérait comme des anglophones proaméricains venant du pays voisin de l’Ouganda. Son opération turquoise n’était rien d’autre que pour protéger ses complices et effacer les traces de sa propre forfaiture. Alors la coopération, la solidarité et le développement durable, ce n’est rien d’autre que des belles paroles de bonimenteur.
Ceux qui pensent qu’il y aura une coopération qui débouchera sur une solidarité vraie entre la France, les français et les africains, se trompent. Ils n’auront que le mépris de la France en remerciement. C’est une nation lâche, oublieuse et indigne de sa propre parole. Seule la coopération interafricaine ou la main tendue des pays émergeants vers l’Afrique, peuvent nous aider à faire des pas en avant.
Les politiciens français financent leurs campagnes électorales avec argent des malheureux pays africains quelle honte. Bref avec ses trois millions de chômeurs et sa dette publique abyssale la France à du mal à répondre aux besoins de ses propres citoyens, les africains ne doivent plus compter sur la France pour une quelconque solidarité encore moins une coopération bienfaitrice pour l’homme africain.
Notre frère le Dr Frantz Fanon, ce médecin psychiatre antillais qui en soignant les fous, voulait aussi sauver les hommes, ajoute d’autres traits à ses yeux plus centraux << pour le peuple colonisé, la valeur la plus essentielle parce que la plus concrète, c’est d’abord la terre. La terre qui doit assurer le pain et bien sûr la dignité.

Cette dignité n’a rien à avoir avec la dignité de la personne humaine. Cette personne humaine, idéale, il n’en a jamais entendu parler. Ce que le colonisé a vu sur son sol, c’est qu’on pouvait impunément l’arrêter, le frapper, l’affamer. Et aucun professeur de morale, jamais, aucun curé, jamais, n’est venu recevoir les coups à sa place, ni partager son pain avec lui >>.

Avant d’aller plus loin, faisons ici cette simple observation qu’en France le traumatisme qu’a suscité l’occupation allemande pendant quatre années continue plus de soixante ans après à troubler les citoyens français. Or, en Algérie, les habitants d’origine ont été occupés pendant plus de cent vingt ans. Nos malheureux pays africains gardent aujourd’hui dans leur chair encore le traumatisme colonial.

Nos pays africains de l’espace francophone, font aujourd’hui le constat amer que leur coopération avec la France ne profite uniquement qu’à la partie française. Ils sont officiellement indépendants, Mais liés à la France par un pacte colonial qui fait d’eux des pays dépendants si non des pays captifs de la France, comme des oiseaux en cage.

Certaines des conséquences pour les pays africains de la continuation de la dépendance sont évidentes ; manque de compétition ; dépendance de l’Économie française ; dépendance de l’Armée Française ; dépendance de la diplomatie française ; et la politique porte ouverte pour les entreprises privées françaises, qui sont en situation de monopole oligarchique dans nos pays empêchant de fait la libre compétitivité économique et industrielle.

Tout au long de son histoire la France à souvent indiquée le bon chemin aux autres nations, en choisissant elle-même le plus mauvais. Sa révolution de 1789 et la prise de la bastille le 14 juillet furent un des grands moments fondateurs de la liberté comme capitale de la vie en société. Et pourtant que de crimes perpétrés par la France contre les faibles populations africaines. La France patrie des droits de l’homme ? Permettez nous d’en douter.

La France est dans cette situation où elle n’inspire plus confiance aux africains. Elle doit remercier ceux de ses amis qui ont le courage de lui dire en face, ce qui est son devoir envers l’Afrique, le monde noir et le monde arabo-musulman. Encourager des coups d’état et rebellions dès qu’un chef d’état africain ne convient pas aux intérêts français. En soutenant les dictatures criminelles qui nous gouvernent la France s’est volontairement éloignée de notre bien être, c’est à nous de l’abandonner aujourd’hui pour qu’elle peine à son tour avec sa langue fourchue qui est en perte de vitesse dans la mondialisation.

Curieuse France, elle a accouchée d’une révolution dont les principes fondamentaux ont été bafoué du début à la fin, car en définitive ni l’égalité, ni la liberté, ni la fraternité n’ont jamais été réalisé en France, elles sont restées une formule pour frontons des écoles primaires et des mairies.
Jamais la devise de Robespierre n’a été aussi bafouée qu’en ce début de XXIe siècle qui voit la France riche, développée et douée s’installer tranquillement dans la pauvreté d’une bonne partie de ses citoyens.

Il est clair que toute révolution est condamnée à se faire dévorer de l’intérieur et à se faire dévorer de l’extérieur, mais le sort à la fois tragique et loufoque de la révolution française est d’autant plus inacceptable qu’elle a été la première dans le monde à proclamer théoriquement de si belles aspirations humanistes.

Deux siècles presque pour rien, dans la mesure où jamais la censure sociale et la détresse morale n’ont été aussi profondément installées que dans la France d’aujourd’hui. Dans la ségrégation sournoise qu’elle entretien, si vous avez le malheur dans cette France de vous appelez, Mamadou, Yao, Koffi, Mohamed, Fatou, Awa ou Andrazana, soyez certains que vous ne trouverez pas du travail quelques soient vos diplômes, les noirs et les arabes, c’est bon pour le ménage ou le gardiennage.

Cela est profondément révoltant et humiliant pour les utopistes, les humanistes et les ressortissants des anciennes colonies du monde entier qui comme nous, crurent aux balivernes et autres proclamations de justice, de fraternité, d’égalité et de liberté découlant de la révolution française. Il faut donc laisser la France s’engluer dans sa francophonie de babiole et la laisser croire qu’elle pèse sur le monde.

III - L’Anglais comme une réalité de la mondialisation

Nous avons pris le temps de bien observer les anglais et nous constatons qu’ils n’ont pas vécu la décolonisation comme un drame car ils ont un esprit plus libéral, mais aussi par ce qu’ils partagent avec la nouvelle puissance américaine, la même langue et la même culture.

C’est ce qui fait que les britanniques sont à l’aise avec les africains, au sein du Commonwealth, ils accordent avec le Canada, la Nouvelle Zélande et l’Australie plus de bourses d’études aux africains que la France et sa Francophonie de pacotille dans laquelle on retrouve la Roumanie, la Pologne, le Cambodge, la Guinée Equatoriale, l’Albanie, le Vietnam, la Pologne, Vanuatu et bientôt la Grèce. Pourquoi pas l’Arabie Saoudite et le Bengladesh pendant qu’on y est ?

Bref une petite ONU à la sauce française, pour donner au président français l’illusion que son pays est une puissance mondiale. Alors qu’en réalité c’est une ancienne puissance, qui est dans une position moyenne aujourd’hui dans les relations internationales au même titre que le Portugal, l’Espagne et l’Italie

C’est ce volontarisme Britannique, dont nous parlons plus haut qui fait qu’aujourd’hui dans tous les gouvernements Africains sans exception vous trouverez un ou plusieurs ministres qui parlent Anglais car ils ont étudié au Canada, au Royaume Unis ou aux USA. Parler couramment l’anglais est devenu aujourd’hui une exigence pour occuper la fonction d’ambassadeur ou de ministre des affaires étrangères dans nos gouvernements africains.

L’anglais comme langue est devenue une réalité de la mondialisation par ce que la France elle-même est resté spectatrice de la régression de sa propre langue. Figurez vous que c’est à l’initiative des Gens comme Le prince Norodom Sihanouk, du Cambodge, des Présidents Bourguiba de Tunisie, Léopold Sédar Senghor du Sénégal, et du Président Hamani Diori du Niger, qu’est née l’actuelle organisation internationale de la francophonie le 20 mars 1970 à Niamey en plein cœur du sahel africain.

Il est inutile de rappeler ici que c’est par un coup d’Etat sanglant soutenu par la France, putsch dans lequel il avait perdu son épouse la délicieuse Mme Aïssata Diori, que le président Hamani Diori, avait quitté le pouvoir en passant par de longues années de prison. Il voulait simplement vendre l’uranium de son pays aux USA et au Canada.

La vérité est qu’aujourd’hui c’est la France qui a besoin de l’Afrique pour l’avenir de sa langue car la démographie aidant, dans les trente prochaines années plus de la moitié des locuteurs de la langue Française seront africains. Or chez tous les africains le Français arrive comme deuxième langue, c’est une langue d’emprunt comme nous le disons plus haut.

Car nous parlons nos langues entre nous avant d’utiliser le Français pour l’école et nos relations avec l’administration officielle dans nos pays africains francophones. La mondialisation aidant des pays comme le Rwanda et bien d’autres ont commencé à se mettre à l’anglais faisant perdre du terrain au Français par la faute du manque de volonté politique de la part de la France elle-même.

Avec un déficit budgétaire dépassant les deux milliards d’euros, la France qui a importé chez elle la mauvaise gouvernance budgétaire de ses amitiés mafieuses avec les dictatures africaines n’a plus les moyens de porter sa francophonie de pacotilles et de babioles. La francophonie est une coquille vide qui n’a rien d’attrayant à nous offrir.

IV - La France doit se réveiller pour porter sa langue

Avec les français nous avons appris à observer pour voir si ce qu’ils disent est en adéquation avec ce qu’ils font. Les Allemands, les américains les chinois et les japonais promettent dans leurs relations avec nous ce qu’ils sont sûrs de donner. La chine à construit sous forme de don le palais de l’unité africaine à Addis-Abeba en Ethiopie, voilà du concret, avec la France vous pouvez coopérer cinquante ans sans recevoir d’elle une simple boite d’allumettes, c’est un pays radin qui a une calculatrice à la place du cœur dans ses relations avec l’Afrique. Il ne viendra jamais à l’esprit d’une entreprise française qui exploite une mine d’or ou d’uranium de construire une école, un dispensaire ou une route pour les riverains de la région.

A) La France nous parle de Francophonie, observez les conditions d’obtention d’un visa dans les ambassades et autres consulats Français en Afrique et vous comprendrez pourquoi les africains se tournent aujourd’hui beaucoup plus vers les Etats unis, la Grande Bretagne, le Canada et l’Australie. Celui qui écrit ces lignes vient d’obtenir sans grandes difficultés un visa de dix ans pour voyager aux USA.

Cela est pratiquement impossible avec une Ambassade de France en Afrique, avec un petit commis tout endimanché qui nous regardera de haut, il répondra avec peine au bonjour et à la courtoisie venant de nous, avant de nous demander une copie de notre bulletin de salaire, le montant de notre loyer, un certificat d’hébergement, une facture d’eau et d’électricité, il ne viendrait même pas à l’esprit du pays des droits de l’homme que de telles exigences choquent ou violent notre intimité et notre vie privée. Voilà pourquoi les élites africaines se détournent aujourd’hui de la France et de sa langue. Ils ne cachent même plus leur colère et leur mépris pour tout ce qui vient de la France.

B) Les Africains sont des êtres très intelligents, le retard technologique et scientifique de leur continent ne doit pas faire croire qu’ils sont dépourvus d’intelligence, il s’est installer dans leur esprit pour longtemps l’image du français, fournisseur peu fiable, plaçant des marchandises de mauvaises qualités, des installations dispendieuses et inutiles.

La tendance des entreprises françaises à la surfacturation et leur volonté d’avoir des marchés de construction aux prix forts restent pour nous des pratiques dégoûtantes d’un autre âge à l’heure de la mondialisation. Voilà pourquoi timidement peut-être quelques gouvernements africains se tournent vers les Américains, les Anglais, les Chinois, les Allemands, les turques, les indiens et autres japonais pour diversifier leurs relations économiques et commerciales pour certains équipements de qualité.

C) En nous imposant des dictatures comme celles de Mobutu, d’Eyadema des Bongo ou d’Habyarimana, en favorisant la combine des réseaux mafieux affairistes et criminelles, en couvrant des trafiques d’armes, en encourageant des conflits ethniques, en retardant le développement de nos malheureux pays africains par le soutien à des dictatures criminelles, la France a terni sa propre image en Afrique, pourquoi devons nous aujourd’hui nous investir dans la défense de sa langue ? Qu’un seul citoyen Français nous donne aujourd’hui une seule bonne raison de nous investir dans la défense de sa langue ?

Il y a 274 millions de francophones dans le monde, c’est une goutte d’eau dans cet immense océan dans lequel l’anglais met tous le monde à l’aise. C’est la puissance économique qui porte la langue et c’est le comportement du principal locuteur qui fait aussi que les autres viennent vers sa langue ou pas. Ne pas le comprendre et croire que c’est par le mépris, l’identité nationale, le protectionnisme et l’arrogance qu’on peut emmener les autres à soit, c’est faire le pari d’un lamentable fiasco.

Africains, le moment est venu pour vous de ne plus suivre des pays amis criblés de dettes, plein de chômeurs, des combinards qui n’ont que le profit comme but de vie. La France ne peut rien pour vous. Vaut mieux la laisser seule avec sa langue fourchue.

V - Postulat de Conclusion générale

La coopération monétaire franco-africaine, nous enseigne que c’est la France qui a le plus besoin de l’Afrique, car si demain les pays africains retirent tout d’un coup leurs avoirs en devise auprès du trésor français, la France s’écroulerait financièrement dans les minutes qui suivront. Nous défions ici même sur ce sujet ce qu’il y a de meilleur comme économiste et monétariste dans toute la France pour nous contredire et publiquement le monde entier verra les chiffres du profit de la honteuse vampirisation française contre nos malheureux peuples africains.

Voilà pourquoi elle s’acharne à mettre des dictateurs corrompus à la tête de nos pays africains à travers des élections truquées et au besoin sous les bombes françaises. Où sont nos contradicteurs sur ce point précis? Nous les attendons et ils savent que le débat chiffre à l’appuis ne sera pas à leur faveur. Ils veulent nous niquer, ils verront de leurs propres yeux que nous ne sommes pas des couyons.

Pour les africains, la francophonie ne signifie pas l’expansion du français au détriment des langues africaines qui sont l’émanation du génie intérieur des peuples africains. Dans cet esprit le français doit considérer les autres langues comme des partenaires du grand dialogue vers l’universalité de la pensée humaine.

Le continent africain est aujourd’hui primordial pour l’avenir de la francophonie. C’est le lieu le plus indiqué en terme de croissance possible du nombre des locuteurs c’est pourquoi la France doit sortir des aberrations d’hier pour indiquer le chemin si elle veut que nous la suivons dans la jungle d’un monde ou des identités multiples sont en confrontation.

Nous observons le déclin par manque de moyens des alliances françaises dans nos pays africains et des bibliothèques des centres culturels français de plus en plus pauvres en livres. Dans le même temps les centres culturels américains et Britanniques organisent des cours d’anglais, des projections de films en anglais et offrent même des espaces d’expression pour nos artistes, chanteurs, peintres et autres dramaturges. Les instituts Goethe allemands ont commencé à faire la même chose, il suffit d’ouvrir simplement les yeux pour le voir.

Au sein même de l’union européenne, par manque de combativité et de combattants le français perd quotidiennement du terrain au profit de l’anglais. L’avenir du français est un combat que la France doit mener elle-même, nous avons accepté sans contrainte de faire cohabiter le français aux côtés de nos langues africaines. Nous avons aussi enrichit la langue française en l’obligeant à accepter des mots de chez nous : balafon, djembé, harmattan, calèche, madrasa, yassa, poto-poto, gahou, attiéké, kédjénou, toubab, quinquéliba, calebasse, tam-tam, fonio, karité tamarin etc. sont aujourd’hui autant de mots issus du parlé africain que la langue française ne peut rejeter.

En mêlant nos proverbes à nos récits en français nous avons contribué à donner des petits bâtards à la langue française et pourtant c’est chez nous une langue seconde. Pendant ce temps, ils sont combien de français qui ont été capables d’apprendre simplement nos langues ?

Ils sont combien les français qui parle le wolof, le malinké, le Pula, l’haoussa, le Yoruba, le baoulé, le swahili ou des langues méditerranéennes comme l’arabe ? La France aujourd’hui a-t-elle les moyens de porter sa langue pour en faire un instrument d’échange et de dialogue positif avec l’Afrique ? En faisant le bilan aujourd’hui, sommes nous vraiment obligés de parler Français ? C’est dans cet esprit que les ministères de la francophonie de nos gouvernements africains posent un problème de conscience, de fierté et d’identité nationale.

Il faut complètement repenser l’utilité de ces ministères de la Francophonie à un moment ou l’eau, la paysannerie, les routes et la santé publique sont les parents pauvres de notre quête de développement. Cela nous amène souvent à faire des choix simples. Comme ceux-ci : au lieu de se faire manger par un petit poisson sans avenir dans les eaux troubles du monde, n’est-il pas mieux de se faire avaler par le gros poisson de l’anglophonie ? Tout le futur de la langue française et de son déclin se trouve dans cette interrogation.

Nous pensons pour notre part qu’en dépit de la méchanceté gratuite et des graves erreurs d’appréciation des autorités françaises, c’est dans l’expérience de la cohabitation entre nos langues africaines, le français et l’anglais que se trouve la formule la plus adaptée à l’évolution de notre continent.

C’est dans cet espace pluriel imposé par la mondialisation que nous pourrons valablement reconstruire une tradition de liberté et de démocratie pour notre continent avec le plus de chance de réussir. La France dans cet esprit doit sortir de la francophonie des commis cravatés de bureaux, des conférences pompeuses, des institutions ronflantes et moribondes, pour s’engager dans une vraie francophonie des peuples qui ont en partage sa langue. C’est dans cette perspective qu’il faut envisager selon nous avec modestie l’action de la francophonie en Afrique.

Comme le disait si bien le Général David EISENHOWER :
<< La modestie doit être la réaction naturelle de l'homme qui reçoit les acclamations que lui ont valu le sang versé par ses subordonnés et le sacrifice de ses amis. >>

Tel est le message dont nous sommes porteur en ces instants de Francophonie qui nous obligent à aller à la rencontre de l’autre avec sincérité pour retrouver la pierre de l’espérance et de la simple fraternité humaine dans la montagne du mensonge et du mépris construite par la France vers l’Afrique dite francophone.
Merci de votre attention.

Une contribution de Dr Serge-Nicolas NZI
Chercheur en communication
Lugano (suisse)
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