Débats et opinions - Présidentielles de 2015: Le FPI plus humaniste serait-il l'allié potentiel du Pdci?

Par Correspondance particulière - Le FPI plus humaniste serait-il l'allié potentiel du Pdci?

PRÉSIDENTIELLES 2015: LE FPI PLUS HUMANISTE SERAIT-IL L'ALLIÉ POTENTIEL
DU PDCI?

La France a déjà pris soin de jauger les forces en présence afin de
«voler», de nouveau, au
peuple ivoirien sa victoire, lors des présidentielles de 2015. Michel Galy,
ce célèbre politologue
français, dans son article sur l'après Ouattara, considère que nous avons
trois blocs, qui représentent
chacun plus ou moins le tiers de l'électorat. «La Côte d'Ivoire étant un
pays extraverti, l'inscription
d'un million de Burkinabé et Sahéliens rebaptisés «apatrides» risque de
mettre plus vite le feu aux
poudres: une modification irréversible du corps électoral donnant à jamais
des majorités au «clan
Ouattara et à son bloc ne peut que reformer l'alliance FPI/PDCI, ces
derniers ne pouvant assumer
un suicide électoral.» Avec la naissance d'un Fpi plus Humaniste et plus
social, nous sommes
amenés à nous poser la question suivante: «De quel Fpi s'agit-il?
L'alliance FPI/PDCI se fera-t-elle
avec le FPI du président Gbagbo ou avec celui à peiné né à Bonoua (en
Côte d'Ivoire) mais dont la
naissance a été célébrée à Paris, en France?» L'analyse des faits
politiques nous démontre que cette
alliance ne pourra être conclue avec le Fpi du célèbre prisonnier
politique: le président Gbagbo,
enfermé à la Haye. «Au dernier congrès du Pdci organisé les 3, 4 et 5
octobre 2013 au palais des
sports de Treichville, Henri Konan Bédié a déclaré à l’ouverture de
cette assemblée que le Fpi est
un parti nazi et Laurent Gbagbo, Hitler en personne, alors même que le Fpi
ainsi vilipendé y avait
délégué son président par intérim, M. Sylvain Miaka Ouretto.» Ces
propos du célèbre journaliste
ivoirien en exil, Ben Soumahoro, dans son article sur la réconciliation
entre les Ivoiriens, publié sur
Ivoirebusiness.net, confirme l'impossibilité pour le Fpi de conclure une
alliance avec le PDCI de
Bédié. Le président actuel du Fpi, Affi N'Guessan, qui oeuvre pour une
paix sociale en Côte d'Ivoire
est aussi tourné en bourrique. Le PDCI, selon le politologue français, a
toujours emprunté la voie de
la paix armée, et non celle de la paix sociale: «De fait l'armée
ivoirienne – et volontairement pour
Félix Houphouët-Boigny, qui ne voulait pas de coup d'État prétorien -,
c'est encore et toujours le
43° BIMA et la «force Licorne». L'armée française protectrice du RHDP a
justement, sous la
bannière de l'ONU, massacré des civils ivoiriens, bombardé la résidence
d'un Chef d'État africain
élu par son peuple, et combattu l'armée ivoirienne parce que nous avons des
hommes politiques
ivoiriens nostalgiques de l'époque du Parti unique, à la solde de la
France, qui refusent de se rendre
à l'évidence. Ces derniers, soutenus par l'Élysée, ne veulent pas se
soumettre, en fait, aux exigences
du multipartisme, de la démocratie. Ces partis politiques utilisent les
méthodes des régimes
totalitaires, dans le but d'annihiler tous les efforts du FPI, en vue de la
paix sociale, préalable à toute
démocratie. En déclarant que Gbagbo et son parti sont des Nazis, ces
adversaires politiques ne font
que créer l'ennemi pour justifier son emprisonnement à la Haye, l'usage de
la violence, des tortures,
vis-à-vis de ses partisans. La démocratie (la conquête du pouvoir
politique à travers des élections
transparentes et libres qui permettent au peuple de choisir ses propres
représentants) n'est pas du
goût de l'Élysée. C'est tout l'enjeu de la lutte politique qui oppose le
FPI du président Gbagbo aux
partis politiques ivoiriens aux ordres de Paris. Son parti politique est en
train de créer «une
situation» inédite (selon les termes de Michel Galy) dans l' «empire
colonial français» fondé sur la
paix armée où l'armée française est, en définitive, la véritable armée
des pays «indépendants» de
l'Afrique francophone. Tous ces faits politiques démontrent qu'une alliance
FPI/PDCI n'est pas,
dans la vision de l'Élysée, celle qui unirait les partis politiques de
Gbgagbo et de Bédié. Michel
Galy reprend, à juste titre, Gramsci pour souligner que le pouvoir est,
avant tout, une idée qui doit
préparer les foules à accueillir favorablement tout changement politique,
toute intervention
militaire: «L'hégémonie dans le champ des idées et des représentations
est un préalable à un
changement politique, voire militaire». «Le pouvoir dépend de
représentations partagées ou non,
du présent du pouvoir, de la qualification qu'on donne au régime –
dictature ou «démocratie
irréversible», de son avenir, de sa disparition». Le FPI est justement
combattu sur le plan
idéologique, sur le plan des idées, un préalable à toute nouvelle
intervention militaire française
susceptible d'accompagner les évolutions des choses lors des
présidentielles de 2015. A ce propos,
Michel Galy écrit «Il est par ailleurs probable qu'Hollande soit plus sur
une "ligne Jospin",
concernant la Côte d'ivoire, que sur un interventionnisme à la Sarkosy.
Plutôt un "laisser faire,
laisser aller" (en termes sociaux démocrates: «ni ingérence, ni
indifférence […] la pente semble
plus accompagner les évolutions, comme lors de la chute de Bédié, que
d'envoyer des hélicoptères
d'assaut mitrailler des civils […] quand un abîme s'ouvre devant le
pouvoir, et peut être – référence
foucaldienne oblige devant les pouvoirs [...]». Hollande a choisi de
reprendre de nouveau le pouvoir
politique au peuple ivoirien, en agissant, cette fois-ci, avec finesse.
L'intervention militaire française
en Côte d'Ivoire doit paraître aux yeux du monde, comme un acte salvateur,
afin de rééditer
«l'exploit» du Mali. Tous les adversaires politiques du FPI de Gbagbo
s'évertuent à ouvrir devant
ses partisans cet abîme dans lequel ils pourront éventuellement les
engloutir. Après avoir enfermé à
la Haye les principaux tribuns: Gbagbo et Blé Goudé, l'on voit, de manière
inopinée, germer un FPI
qui a choisi de conquérir l'hégémonie dans le champ des idées, en se
faisant expressément appeler
FPI Plus Humaniste plus Social. La naissance de ce nouveau courant politique
issu du FPI de
Gbagbo marque étrangement le début de la période de l'après Ouattara. Son
président tient à se
substituer, avec beaucoup de subtilité, à la figure de proue du président
Gbagbo, quand il fait la
déclaration suivante: «Et si le président Laurent Gbagbo malgré sa nette
vision politique en vue de
sortir les ivoiriens de l’ignorance, de la médiocrité et de la pauvreté
en leur proposant un projet
bâti sur l’humanisme, celui-ci n’a pas véritablement été suivi ni à
l’extérieur mais aussi au sein de
son parti le FPI, il reviendrait donc à une autre frange de notre famille
politique de reprendre les
choses là où il l’a laissé. Oui, camarade militante et militant, nous
avons le devoir et l’obligation
de donner un coup d’accélérateur à notre parti. Ce parti là qui fut et
continue d’être le fer de lance
de la démocratie en Côte d’ivoire. Nous avons le devoir de construire un
monde meilleur pour nos
militants mais aussi pour tous les ivoiriens en général». Ces propos
disqualifient indirectement le
FPI conduit par Miaka Ouretto et par Affi N'Guessan puisque la flamme
allumée par Gbagbo et ses
premiers compagnons de lutte reviendrait désormais à une autre frange du
FPI (celle plus
Humaniste plus Social) capable certainement de mieux contracter avec la
France et le PDCI. Ses
propos sont assez explicites: «Oui, j’entends dans la salle des murmures.
Vous avez raison. Je le
sais. L’heure n’est pas encore au bilan. Et je vous ferai l’économie
de notre échec surtout dans la
mise sur pied de la réforme de la filière café-cacao. Et dont une partie
des dividendes devraient
soutenir le vaste projet de la « Refondation » cher à notre parti.
L’école gratuite, l’Assurance
Maladie universelle, le grand Abidjan etc..». Aucun parti politique ne peut
prétendre gouverner sans
commettre d'erreurs, mais il est inutile de tergiverser sur ce thème parce
que nous sommes dans le
contexte politique ivoirien voire africain face à deux blocs: le bloc de
Gbagbo et du peuple ivoirien
qui se veulent démocrates, et le bloc des hommes politiques qui ont choisi
de bafouer tout principe
démocratique, dans le but de se faire installer par l'armée française.
Lorsque le président du FPI
plus Humaniste affirme qu'il ne vient pas fragiliser le FPI de Gbagbo mais
lui redonner toutes ses
lettres (de noblesse) et son esprit d'un parti de Gauche plus social et plus
humaniste dont les actes
iront non seulement dans le sens du changement mais de l'épanouissement de
l'être humain, nous
nous rendons compte que ses sujets, ses préoccupations ne peuvent nullement
contrarier l'Élysée.
Les sujets qui fâchent Paris sont, entre autres choses; la souveraineté de
la Côte d'Ivoire des pays
africains, les accords gagnant-gagnant, la dignité de l'Homme africain et
non de l'être humain en
général... Violer les droits d'un citoyen français peut entraîner, par
exemple, des problèmes
diplomatiques entre la France et le Mexique, massacrer, au contraire, des
Ivoiriens ou des Rwandais
n'a aucun impact sur l'opinion publique internationale. Les Africains
demeurent des sous-hommes,
c'est de cela qu'il s'agit. Quant à la construction d'un parti de Gauche
plus social, plus humaniste, il
est bon de noter que ces Ivoiriens et Africains unis derrière Gbagbo, en vue
de leur dignité, sont
issus de tous les courants politiques. L'appartenance au parti de gauche ou
de droite n'est pas un
préalable à notre lutte pour une Afrique digne. Pour notre propre gouverne
sachons que les
chercheurs des sciences humaines sont incapables, dans le contexte de la
globalisation, de donner
une définition satisfaisante aux partis politiques de gauche, de droite
etc... parce que les définitions
classiques sont désormais révolues. Les communistes (socialistes) chinois
ou russes comptent, par
exemple, au sein de leur société, de nombreux capitalistes prêts à
accompagner le développement
des pays africains sans s'ingérer dans leurs affaires politiques, alors que
des pays démocrates
comme la France utilisent en Afrique des méthodes, des stratégies
politiques propres aux régimes
totalitaires, pour installer à la tête de leurs ex-colonies dites
indépendantes des despotes. Peut-on
affirmer dans un tel contexte politique que la Gauche française est plus
Sociale, plus Humaniste que
les régimes politiques russes ou chinois? Quand l'Afrique retrouvera sa
dignité on s'emploiera
éventuellement, en collaboration avec le FPI Plus Humaniste, et plus social,
à donner des
définitions satisfaisantes à la Gauche ivoirienne et à celle de la
mère-patrie des droits universels de
l'homme. Pour l'instant, nous sommes invités à lutter unis pour la dignité
des Africains, pour des
valeurs démocratiques, pour un État de droit en Côte d'Ivoire, afin que le
peuple choisisse
librement, dans la transparence, ses propres représentants. C'est à
présent l'enjeu de notre lutte
politique; le linge sale se lave en famille si nous ne sommes pas mus par des
desseins inavoués.

Une contribution par Isaac Pierre BANGORET (Écrivain)