CPI/4e journée Affaire Blé Goudé contre le Procureur: Blé Goudé, très brillant, irradie la Cour par une adresse d'anthologie, et confond le procureur

Par IVOIREBUSINESS - Affaire Blé Goudé contre le Procureur - Fin de la dernière journée de l’audience de confirmation des charges à la CPI. Blé Goudé, très brillant, irradie la Cour par une adresse d'anthologie, et confond le procureur.

Clôture de l'audience de confirmation des charges dans l'affaire Blé Goudé contre le Procueur de la CPI, le 02 septembre 2014.

La quatrième et dernière journée de l'audience de confirmation des charges dans "l'affaire Blé Goudé contre le Procureur" a pris fin aujourd’hui, le 2 octobre 2014, devant la Chambre préliminaire I de la Cour pénale internationale (CPI) à La Haye (Pays-Bas). Cette audience avait débuté le 29 septembre 2014 en présence de Charles Blé Goudé et du procureur Fatou Bensouda.
A la fin de l'audience, la présidente de la chambre préliminaire 1, sur demande de Me Nick Kauffman avocat de Blé Goudé, a accordé un délai additionnel à la Défense et à l'accusation, pour compléter par écrit, leurs présentations orales.
Charles Blé Goudé, ce dernier jour d'audience, a irradié la Cour et confondu le procureur, démontrant avec une précision chirurgicale, la vacuité des accusations portées contre lui.

C'est peu dire que Blé Goudé a surplombé la Cour, l'illuminant par un message de paix et d'anthologie, et confondant à souhait le procureur par la vacuité de ses accusations, le mettant par moments au défi d'apporter la moindre preuve des accusations portées à son encontre. Voici quelques morceaux choisis de l'Impressante adresse du leader du congrès panafricain des jeunes patriotes (COJEP), devant la CPI.

MORCEAUX CHOISIS

"Tout le temps que je suis resté assis ici pendant des jours, à écouter le réquisitoire de la procureure, qui s’est résumé à un assemblage de bouts de vidéos, des fragments de discours hors contexte savamment sélectionnés et de commentaires tendancieux, dans une vaine tentative d’accréditer une accusation aussi boiteuse que ridicule ; je suis hélas, resté sur ma faim !".

"Beaucoup a été dit, beaucoup a été écrit à mon sujet. J’avais espéré que la présente audience serait l’occasion rêvée pour que la procureure me confonde ; afin que se taisent à jamais les allégations, dans un silence sans gloire, et que, restitués dans leur contexte, les faits s’expriment enfin."

"Je n'ai jamais possédé d'arme de toute ma vie. Par quelle alchimie veut-on faire de moi un distributeur d'armes... Les criminels sont à Abidjan.... Pourquoi le procureur refuse-t-il de demander les dents de la panthère à celui qui a mangé la tête de la panthère ".

" Madame la juge vous pouvez le noter. Je ne cherche pas forcement à être libre. La liberté c'est dans l'esprit." Je trouve que c'est bien dit."

"Si j’ai bien entendu, la procureure a dit dans son discours d’ouverture à travers cette audience nous voulons envoyer un message fort à tous ceux qui veulent parvenir et se maintenir au pouvoir par la force. Vu sous cet angle, c’est donc à tort que la procureure me poursuit puisque pendant plus de dix ans, je n’ai cessé de dire à ceux qui sont aujourd’hui au pouvoir qu’on n’entre pas en politique avec les armes mais avec des idées et un projet de société."

"Madame la présidente, Mesdames les juges, par ma voix, des millions d’Africains comptent sur vous pour que la CPI ne serve pas d’instrument pour la réalisation d’ambitions qui pourraient entacher l’image de cette prestigieuse institution. Des militants de partis politiques adversaires triés sur le volet, m’accusent d’avoir recruté des mercenaires. Comme ce prétendu témoin qui déclare : « j’ai vu Blé Goudé brandissant une kalachnikov à la télé, mais il était de dos donc je ne l’ai pas bien reconnu…"

" Ce qui doit gâter mon nom doit avoir un nom".

"Je ne suis pas un criminel, je ne suis pas un partisan de la violence, je ne suis pas anti-français"...

"Madame la présidente, Mesdames les juges, pour le respect de la mémoire des victimes décédées, pour panser les meurtrissures physiques et morales des victimes blessées, mais aussi, pour apaiser la douleur de leurs familles, il aurait été salutaire que soit située la responsabilité de tous les principaux acteurs de la scène politique ivoirienne, qu’ils soient au pouvoir ou dans l’opposition. Hélas !".

"Après avoir écouté la procureure, elle qui estime que j’ai utilisé mon art oratoire pour imputer la responsabilité des crimes au camp Ouattara, je ne me fais plus d’illusion : elle ne les poursuivra pas puisqu’elle les considère comme des victimes". Fin de citation.

Pour rappel, pendant quatre jours, l’accusation et la Défense ont présenté leurs éléments de preuves aux juges de la Chambre préliminaire I, composée des juges Silvia Fernández de Gurmendi (juge présidente), la juge Ekaterina Trendafilova et la juge Christine Van den Wyngaert. Le Représentant légal des victimes a également eu la possibilité de présenter des déclarations d’ouverture et de clôture.
Le Procureur et le Représentant légal des victimes auront jusqu’au 10 octobre 2014 pour compléter leurs présentations par des observations écrites, auxquelles la Défense pourra répondre le 17 octobre 2014 au plus tard. Dans un délai de 60 jours suivant la réception de la requête finale de la Défense, les juges prendront leur décision.

Les différents scénarios possibles

A l’issue de ce délai, la Chambre préliminaire peut:

Confirmer les charges pour lesquelles elle a conclu qu’il y a des preuves suffisantes donnant des motifs substantiels de croire que M. Blé Goudé a commis les crimes qui lui sont reprochés, auquel cas l’affaire est renvoyée en jugement devant une Chambre de première instance composée de trois autres juges pour le procès ; ou
Refuser de confirmer les charges pour lesquelles elle a conclu qu’il n’y a pas de preuves suffisantes et arrêter la procédure à l’encontre de M. Blé Goudé ; ou
Ajourner l’audience et demander au Procureur d’apporter des éléments de preuve supplémentaires ou de procéder à de nouvelles enquêtes ; ou de modifier toute charge pour laquelle les éléments de preuve produits semblent établir qu’un autre crime que celui qui est reproché a été commis.
La Défense et l’Accusation peuvent demander l’autorisation à la Chambre préliminaire d’interjeter appel à l’encontre de cette décision. Charles Blé Goudé aurait engagé sa responsabilité pénale individuelle, en tant que coauteur indirect, pour quatre chefs de crimes contre l’humanité (meurtres, viols et autres violences sexuelles, actes de persécution et autres actes inhumains) qui auraient été perpétrés dans le contexte des violences post-électorales survenues sur le territoire de la Côte d’Ivoire entre le 16 décembre 2010 et le 12 avril 2011.

Michèle Laffont
Représentante permanente aux Pays Bas