CPI: Le procès de Charles Blé Goudé et du Président Laurent Gbagbo pourrait se tenir sur le continent africain

Par Ivoirepost.com - CPI. Le procès de Charles Blé Goudé et du Président Laurent Gbagbo pourrait se tenir sur le continent africain.

Le Président Laurent Gbagbo lors d'une audience à la CPI. Image d'archives.

Abidjan en Côte d'Ivoire ou Arusha en Tanzanie. Voici les deux capitales africaines qui pourraient éventuellement abriter le procès des dirigeants ivoiriens, le président Laurent Gbagbo et son ministre Charles Blé Goudé tous les deux détenus à La Haye en Hollande. Ce serait peut-être un juste retour des choses dans une perspective de recadrage et d'amélioration des rapports fiévreux que la Cour pénale internationale (Cpi) entretient depuis bientôt quatre ans avec les dirigeants de l'Union africaine (Ua). Pour sa propension à ne juger que des Noirs la justice internationale avait provoqué le courroux des dirigeants Africains qui l'ont qualifiée de ''justice raciale''.

De fait, Me Emmanuel Altit le principal avocat qui pilote le collectif de la Défense de l'ancien président ivoirien a proposés ces deux capitales africaines pour l'ouverture du procès contre son client, Laurent Gbagbo, devant la Cour pénale internationale (CPI). En détention depuis la nuit du 29 au 30 novembre 2011, à La Haye où il est accusé pour son rôle joué des événements postélectoraux de 2010-2011, le président Laurent Gbagbo attend toujours l'ouverture de son procès, prévu en principe au 15 novembre prochain au Pays-Bas. Mais son avocat principal, Me Altit Emmanuel, indique que son client souhaite être jugé en terre ivoirienne. Son pays natal, où à tout le moins à Arusha, en Tanzanie. Tout est parti le 25 septembre 2015, lors d'une conférence de mise en état dans l'affaire Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé devant la Cour pénale internationale(Cpi).

Ce jour là la défense du président Gbagbo a fait la demande orale (elle avait été faite à l'écrit la veille) de faire les déclarations d'ouverture du procès contre son client à Abidjan, la capitale économique de Côte d'Ivoire. Un souhait qui ne serait pas le fait du hasard. Des bouleversements en faveur du fils de Mama justifieraient une telle demande. A l'analyse de ce que laisse entrevoir son avocat. Pour Emmanuel Altit, il s'agirait d'une façon pour les Ivoiriens de se réapproprier le procès, de «rapprocher la justice des communautés concernées », de se saisir de quelque chose qui « servira la réconciliation » en Côte d'Ivoire et aussi et surtout de redorer le blason de la Cpi en Afrique en travaillant sur la transparence de la Cour et sur sa perception sur le continent. Dans la mesure où cette justice internationale est loin de répondre aux aspirations du continent africain.

La presque totalité des détenus de la Cpi sont en effet, du continent africain. Et la communication de la Cpi, faut-il le souligner, a encore du mal à passer en Côte d'Ivoire. Vu que les chefs d'accusations alléguées contre Laurent Gbagbo relèvent indiscutablement du faux. Voilà ce pour quoi, pour la Défense, si une telle opération en Côte d'Ivoire ne pouvait avoir lieu, elle propose qu'elle prenne au moins place à Arusha, en Tanzanie, qui accueille le Tribunal pénal international pour le Rwanda et qui posséderait donc les infrastructures nécessaires. Aussi, si la présence physique des accusés serait la bienvenue, elle ne serait pas forcément obligatoire. Quant à la défense de Charles Blé Goudé, dirigée par Geert-Jan Alexander Knoops, elle ne s'oppose pas à l'ouverture du procès à Abidjan. A contrario, la représentante légale des victimes, Paolina Massidda trouve cette proposition « confuse et irréaliste ». Pour Paolina Massidda « en avril 2015, la défense de Gbagbo déconseillait la tenue d'audiences sur place. C'est dans le transcript du jour, page 23, ligne 11-15 », a-t-elle dit en substance, faisant référence à une conférence de mise état qui a eu lieu au printemps.

Une manière de dire que la défense de Gbagbo avait subitement, à l'approche du procès, changée d'avis. Et que pour ce fait, Paolina Massidda aimerait pourtant bien voir une telle ouverture de procès en Côte d'Ivoire. Mais pour elle, ce n'est pas réaliste pour le 10 novembre 2015, pour deux raisons : la logistique ne pourrait pas être déployée à temps et, en cas de second tour à l'élection présidentielle, l'ouverture du procès entre les deux tours pourrait être dangereuse. Une position, soutient-on, proche du bureau de la procureure, Fatou Bensouda, qui souligne de plus qu'une telle opération à Arusha n'aurait pas vraiment d'intérêt, la Tanzanie étant éloignée de la Côte d'Ivoire. Comme si La Haye, Hollande, était la porte d'à côté, pourrait-on rétorquer à la procureure d'origine gambienne.

Bref, entre temps, le greffe de la Cpi, qui aurait à gérer toute la logistique relative à l'ouverture du procès de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé en Afrique, a laissé savoir que ça ne serait sûrement pas possible pour Abidjan en respectant la date du 10 novembre 2015, mais qu'il pouvait voir pour Arusha. Les parties devraient maintenant rapidement répondre par écrit à la demande de la défense de Laurent Gbagbo. Il ne restera plus qu'aux juges de prendre une décision. Notons qu'après quasiment quatre (4) ans de détention, Laurent Gbagbo s'est vu refusé au moins 9 fois la demande de liberté provisoire. Au motif que le fils de Mama disposerait d'un influent réseau qui pouvait jouer en sa faveur et se cacher de la Cpi.

Par Simplice Allard