Congrès des jeunes du RDR: Une élection à la sauce tribale

Par Notre Voie - Congrès des jeunes du RDR. Une élection hautement tribale.

Siège du RDR à la rue Lepic.

Pour tous ceux qui pourraient encore en douter, le Rassemblement Des Républicains (RDR) n’est pas un parti politique à vocation nationale. Pour s’en convaincre, il suffit de jeter un coup d’œil sur la liste des postulants à la présidence de la jeunesse du parti au pouvoir. Des 29 candidats qui vont bientôt se prêter aux suffrages des jeunes du parti que dirige le chef de l’État, Alassane Ouattara, au moins 26 sont des ressortissants du nord. C’est la preuve que le RDR, parti au pouvoir avec l’aide de l’armée française, est un parti régionaliste pour ne pas dire tribaliste. Contrairement aux textes qui fondent la République de Côte d’Ivoire. Notamment la constitution qui
stipule en son article 13 : «sont interdits, les partis ou groupements politiques créés sur des bases régionale, confessionnelle, tribale, ethnique ou raciale».
À la vérité, une vocation nationale du RDR n’a jamais habité ses dirigeants. En l’occurrence son président, Alassane Ouattara, qui a construit le rattrapage ethnique comme une politique de gestion des affaires de l’État. En témoignent les propos tenus lors de sa visite d’État en France du 25 au 28 janvier 2012. «Il s’agit d’un simple rattrapage. Sous Gbagbo, les communautés du nord, soit 40 % de la population, étaient exclues des postes de responsabilité. S’agissant des hauts cadres de l’armée, j’ai eu à négocier avec les officiers des ex-Forces nouvelles
(FN, ancienne rébellion nordiste), qui voulaient tous les postes. Et j’ai réussi à imposer cet équilibre dans la hiérarchie militaire, jusqu’au niveau de commandant : le n°1 issu des Fn, flanqué d’un n° 2 venu de l’ancienne armée régulière. Tous grades confondus ; il y a 12 % de Nordistes dans la police, 15 % dans la gendarmerie et 40 % environ dans l’armée... Sur ce terrain-là, on ne peut rien me reprocher».
Ceci montre éloquemment combien Alassane Ouattara n’est à l’aise que lorsqu’il se retrouve dans sa logique d’exclusion et de tribalisme. Des thèses qu’il maîtrise évidemment très bien. Et tant pis pour la constitution que son statut de chef d’État l’oblige à protéger. Alassane Ouattara était déjà dans cette logique d’exclusion et de tribalisme quand, opposant au régime Bédié dans les années 90, il se faisait passer pour la victime expiatoire de l’Ivoirité. On se souvient comme hier qu’il disait qu’on lui refusait d’être candidat à la présidence de la république parce qu’il est musulman et du nord. En cherchant, vaille que vaille, à gagner l’estime des ressortissants du nord, M. ouattara a cultivé en ceux qui se sont identifiés à sa personne, la logique de l’exclusion dont ils seraient victimes
dans leur propre pays. Sur la base du mensonge, il a fini par faire le lit du tribalisme en Côte d’Ivoire. Tout en entraînant tout le monde dont la communauté internationale, avec à sa tête Nicolas Sarkozy, dans une cause qui n’a jamais eu un fondement réel sur la terre d’eburnie. car ni Félix Houphouët-Boigny ni Laurent Gbagbo n’ont une seule fois brimé un Ivoirien sur la base de ses seules origines.
Sous le premier président ivoirien, les fils du nord comme les autres Ivoiriens ont occupé de hautes fonctions de l’État. Le général Ouattara Thomas d’Aquin de Katiola a été longtemps le chef d’État-major des forces armées de Côte d’Ivoire. Le général Gaston Ouassénan a tenu de mains de maître pendant des années le ministère de la sécurité. Les ministres Mohamed Diawara, Dicko Garba, Arouna Sawadogo, Abdoulaye Koné, etc. étaient des ressortissants du nord.
Lorsque les rênes du pouvoir échoient à Laurent Gbagbo en octobre 2000, en dehors du conseil constitutionnel qui était dirigé par Paul Yao N’dré qui n’a pas ses origines dans la partie septentrionale du pays, toutes les autres institutions de la République étaient aux mains des ressortissants du nord. Le président de l’assemblée nationale s’appelait Mamadou Koulibaly. Guillaume Soro était le Premier ministre.
Laurent Dona Fologo, le président du conseil économique et social. Le général Youssouf Koné, le grand chancelier et l’inspection générale d’État dirigée par Aboudrahamane Sangaré, etc.
La réalité est autre aujourd’hui et le constat bien triste. La politique de rattrapage s’est perpétuée jusque dans les tréfonds de la République en passant par le RDR d’Alassane Ouattara. La quasi-totalité des hautes fonctions de l’État aussi bien dans l’administration que dans l’armée sont occupées par les ressortissants du nord. Il n’est donc pas surprenant que 89,65 % des candidats à la tête de la jeunesse du rdr soient originaires du nord. Rien n’étonne plus personne s’agissant du caractère tribaliste et/ou régional du RDR et ses démembrements.
Hier, c’était la rébellion pro - Ouattara essentiellement constituée de ressortissants du nord. Aujourd’hui, c’est le rassemblement des jeunes républicains (rjr) qui va tenir son congrès le 20 septembre 2014. Le contraire aurait
vraiment surpris.

Robert KrAssault

ciurbaine@yahoo.fr