Chronique : La Barbarie

Par IvoireBusiness/ Débats et Opinions - Chronique. La Barbarie.

C’est bizarre. C’est moche. C’est affreux. C’est répugnant. C’est terrible. Ça m’angoisse. Ils ont tous dit qu’ils étaient choqués. Ils ont même manifestés à Paris, ils étaient tous « charlie ». Quelques temps après il y a eu des « tous » Tunisiens, « tous » Syriens, « tous » Kenyans, « tous » chrétiens d’Orient, « tous » Yéménites, « tous » Palestiniens, « tous » Israeliens, « tous » Nigérians, « tous » Camerounais et aujourd’hui « tous » Congolais.
Pour qualifier l’horreur, on utilise les mots : terrorisme, djiadjisme, fachisme, intégrisme religieux, barbarie, cruauté, radicalisation, animosité, inhumanité, etc.
J’ai eu peur, j’ai eu froid, j’ai eu chaud et je me suis tu. Il fallait que je me taise, ne rien dire et regarder tout le monde. Je pensais à mille choses. Je refaisais le monde à ma manière. Je ne pensais qu’à moi. Ça devait être un problème venant de moi. C’était horrible de penser à tant de familles en deuil. L’impuissance des politiques me revoltait. Je l’ai dit à Yolande, elle a d’abord rit. Oui, je l’ai vu rire et ensuite elle a dit : « halala, halala ».
Je n’aime pas parler de guerres, de bombardements, des souffrances, etc. mais il me faut le faire, je n’ai pas le choix. Ne pas le faire, fermer les yeux, c’est s’habituer à l’horreur. Je ne puis m’habituer à allumer la télévision et entendre parler de victimes de la barbarie. Nul ne doit s’habituer à l’horreur. En ce qui me concerne, je réfute l’idée que l’annonce des victimes de boko haram, des dictateurs terroristes, des jadjistes de part le monde, que ce soit à la télé ou a la radion, deviennent quelque chose de normal.
En France, je me suis habitué à allumer la télévision et dès le matin entendre parler des juifs ou des musulmans. Au début c’était horrible. Allumer sa télé le matin et voir un journaliste parler avec une certaine désinvolture, de la conviction intime des gens était insupportable!!! Maintenant je me suis habitué, mais j’ai honte.

Soyons tous soudés contre la barbarie…

Une contribution de Michel Tagne Foko