Côte d'Ivoire - Front social en ébullition contre l'interdiction des sachets plastiques: Le plateau paralysé hier. Bouaké, M'bahiakro, Man, Bouaké, Yamoussoukro en ébullition. Plusieurs arrestations et des blessés graves

Par IVOIREBUSINESS - Côte d'Ivoire. Front social en ébullition contre l'interdiction des sachets plastiques. Le plateau paralysé hier. Bouaké, M'bahiakro, Man, Bouaké, Yamoussoukro en ébullition. De nombreuses arrestations et plusieurs des blessés graves.

Manifestations contre l'interdiction des sachets plastiques par le gouvernement, le 25 novembre 2014.

Le front social est de nouveau en ébullition depuis hier, depuis que l'interdiction des sachets plastiques par le gouvernement est entrée dans sa phase répressive. Le centre d'Affaires du Plateau a été paralysé hier et les villes de Bouaké, M'Bahiakro, Man, Yamoussoukro, en ébullition. Plusieurs manifestants ont été blessés et plusieurs autres arrêtés par la police, qui ont fait usage de gaz lacrymogènes de façon abusive. Le pire a même été évité de justesse car on aurait pu avoir des morts.
Comme on le voit, l’interdiction des sachets plastiques par le gouvernement est un fiasco total. Le ministère de la salubrité publique et les services rattachés ont visiblement brillé par leur incompétence en mettant en place une mesure aussi ridicule qu'impopulaire. Le chef de l'Alassane Ouattara et son Premier ministre Kablan Duncan sont au premier chef interpellés et doivent de toute urgence monter au créneau pour surseoir à cette mesure qui met le front social en ébullition.
Le constat après l’entrée en vigueur de sa phase de répression est amer et désolant. Hier, on a vraiment frôlé le pire comme l'a prouvé le soulèvement national contre cette interdiction des sachets plastiques.
Avec cette mesure très impopulaire, l'objectif d'atteindre un million d’emplois par Alassane Ouattara ne sera jamais atteint, et la pauvreté galopante, récemment dénoncée par un rapport de la banque mondiale, ne pourra que s'accentuer, car ce sont des millions de familles qui vivent grâce à ces sachets plastiques, qui pour vendre de l'eau, qui des aliments, qui des yaourts et autres boissons glacées appelées "frigolo", etc...
Pire, comment comprendre que depuis plus d’un an que la décision d’interdire les sachets plastiques polluants est prise par le gouvernement, il n’existe pas encore à ce jour sur toute l’étendue du territoire, les sachets dits biodégradables susceptibles de remplacer les précédents, s'interroge notre confrère Le Démocrate (26/11). C’est selon lui ce qu’on appelle le manque de compétence et de professionnalisme car c’est plus de la moitié de la population ivoirienne qui utilise et vit de ces sachets. Donc les interdire de facto sans que leur substitut ne soit à portée de main, c’est appeler à un soulèvement populaire. Et à y voir de près, à entendre la grogne sociale, l’on n’est pas loin d’une fronde dont personne ne peut prévoir les conséquences. Si le chef de l’Etat et son Premier ministre veulent éviter l’irréparable, c’est le moment plus que jamais de faire sauter les verrous afin de mettre là où il faut les hommes qu’il faut. En attendant, il urge d’ordonner à l’autorité chargée de la salubrité urbaine de mettre fin ipso facto à son opération de répression lancée sur les marchés publics, poursuit Le Démocrate.
Mais le gouvernement, contre toute attente, continue d'exiger l'application intégrale de cette mesure controversée.
En effet selon Fraternité matin (25/11), hier le gouvernement a indiqué qu’après 18 mois, le décret portant interdiction de fabrication, de commercialisation, de l’importation et de l’utilisation de sachets plastiques non bio-dégradables est entré dans sa phase de répression ce mois de novembre 2014.

Selon le porte-parole du gouvernement, Bruno Koné, qui a donné cette information, il s’agit pour le gouvernement de protéger la santé et l’environnement des Ivoiriens. Pris en mai 2013, ce décret avait rencontré l’opposition des industriels du secteur.
Tout contrevenant à cette mesure est passible de poursuites judiciaires conformément à l’article 328 du code pénal, de la loi du 7 juillet 1998 portant protection de la santé publique et de l’environnement et de celle du 3 octobre 1996 portant code de l’environnement.
Nous y reviendrons.

Patrice Lecomte