Côte d'Ivoire - Disparition de Kieffer: L'AFP, RFI, TV5, RSF, et Jeune Afrique, blanchissent le camp Gbagbo et mettent la pression sur Ouattara

Par IVOIREBUSINESS - RSF et la presse internationale blanchissent Laurent Gbagbo et Simone Ehivet Gbagbo, et demandent à Ouattara de faire toute la lumière sur la disparition du journaliste.

PHOTO: © AFP par DR. Guy-André Kieffer est un journaliste franco-canadien. Il disparaît le 16 avril 2004 à Abidjan.

AFP avec TV5 - Côte d’Ivoire/disparition Kieffer: RSF lance une campagne pour "que la vérité éclate" (Publié le mercredi 16 avril 2014 | AFP et TV5)

Abidjan (AFP) - Par Christophe KOFFI, Evelyne AKA

Abidjan - L’ONG Reporters sans frontières (RSF) a lancé mercredi à Abidjan une campagne d’affichage, à l’occasion du dixième anniversaire de la disparition du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer, pour que "la vérité éclate" sur son sort, a constaté l’AFP.

Une dizaine de personnes, dont des journalistes, se sont rassemblées dans le quartier chic de Cocody, pour assister à la présentation d’un poster géant de Guy-André Kieffer sur un panneau publicitaire.

Cette affiche montre le journaliste portant une chemise rouge et des
lunettes de soleil. On peut lire sur l’affiche: "10 ans après les faits,les
coupables courent toujours" et "personne ne sera protégé", signé Alassane Ouattara (NDLR: Président ivoirien).

Une dizaine de ces posters géants seront visibles pendant 15 jours sur les panneaux publicitaires à divers points stratégiques de la capitale économique ivoirienne.

"Cette affaire a longtemps connu des obstructions dans la manifestation de la vérité. A unh moment donné, les auteurs de l’enlèvement de Guy-André Kieffer ont bénéficié d’une protection. Cette situation est terminée. La justice passera", avait déclaré l’ambassadeur de la Côte d’Ivoire à Paris en 2011, selon des propos rapportés par RSF.
- "disparu sur un parking" -

"Nous n’avons aucune nouvelle de Guy depuis dix ans (...) et avons espéré que le changement de régime intervenu en 2011, allait faire bouger les choses", a déploré auprès de l’AFP, le journaliste Baudelaire Mieu, correspondant local de RSF.

Cette campagne vise à "attirer l’attention des autorités ivoiriennes (...)
pour que la vérité éclate", a expliqué Mieu.

"Ces dix années ont représenté une grosse angoisse pour sa famille, ses amis et ses deux enfants" a-t-il souligné, vantant une campagne qui pourra "susciter de l’espoir".

Le syndicat national des agents de la presse privée de Côte d’ivoire
(Synap-ci) a saisi cette occasion pour demander que la lumière soit faite sur des cas d’assassinats de journalistes ces dix dernières années en Côte d’Ivoire.

Le président du Synap-Ci, Guillaume Gbato a rappelé le cas du journaliste ivoirien Désiré Oué, 40 ans, assassiné en novembre 2013 à Abidjan par des hommes armés. Oué a été le premier journaliste tué en Côte d’Ivoire depuis la fin de la crise postélectorale de 2010-2011.

"Dans le cas de Désiré Oué comme celui de Kieffer, il faut mettre fin à
l’impunité en retrouvant les coupables et les présenter à la justice", a
affirmé M. Gbato.

Selon RSF, "le juge d’instruction, Patrick Ramaël (au tribunal de Paris), a été déchargé de ses fonctions le 1er septembre 2013, à l’expiration de son mandat de dix ans. Ce juge avait investi et soutenu sans relâche l’enquête dans le dossier Guy André Kieffer et effectué plusieurs déplacements à Abidjan. Il avait entendu en avril 2009 l’épouse du président déchu, Simone Gbagbo, qui a été arrêtée ensuite avec son mari en 2011.

Le journaliste indépendant a disparu, le 16 avril 2004, sur un parking de la capitale économique ivoirienne alors qu’il avait rendez-vous avec Michel Legré, beau-frère de Simone Gbagbo.

Guy-André Kieffer (GAK pour ses confrères) enquêtait sur des malversations, notamment dans la filière cacao, dont le pays est premier producteur mondial.

L’enquête menée en France s’est orientée vers des cercles proches du
pouvoir de Laurent Gbagbo, arrêté le 11 avril 2011 après une crise postélectorale de quatre mois, qui a fait quelque 3.000 morts.

Laurent Gbagbo est emprisonné depuis plus de deux ans à La Haye, en attente d’être jugé par la Cour pénale internationale (CPI).

Par Christophe KOFFI, Evelyne AKA

RFI - Côte d’Ivoire: l’enquête «piétine» sur la disparition de Kieffer (par RFI)

Le 16 avril 2004, le journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer disparaissait à Abidjan, en Côte d'Ivoire. Le reporter indépendant enquêtait sur des malversations, notamment dans la filière cacao. L'enquête menée en France s'est orientée vers des cercles proches de l'ancien président Laurent Gbagbo. Mais dix ans après, les investigations n'ont toujours pas abouti. Reporters sans Frontières (RSF) déplore le manque d'avancées dans l'enquête.
L’organisation non gouvernementale RSF a déploré mardi 15 avril que l’enquête sur la disparition du journaliste Guy-André Kieffer n’ait pas abouti et appelle à poursuivre la mobilisation afin que justice soit faite dans cette affaire. RSF organisera dès aujourd'hui une campagne d’affichage à Abidjan jusqu’au 1er mai pour demander au président ivoirien Alassane Ouattara de respecter sa promesse faite en avril 2012 de « ne protéger personne ».
Journaliste indépendant, Kieffer a disparu le 16 avril 2014 sur un parking de la capitale économique ivoirienne alors qu’il avait rendez-vous avec Michel Legré, beau-frère de Simone Gbagbo, l’épouse de l’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo.
Jointe par RFI, Cléa Kahn-Sriber, responsable du Bureau Afrique de Reporters sans Frontières, constate que l’enquête a très peu avancé.
« La plupart des personnes appelées à témoigner n’ont pas pu être auditionnées soit parce qu’elles n’ont pas pu être localisées, n'ont pas pu quitter le territoire de la Côte d’Ivoire, ou encore parce qu’on a été empêchés de les joindre. Il y a donc beaucoup de questions qui restent ouvertes sur la bonne volonté des autorités des différents pays de faire en sorte que cette enquête trouve une résolution et que la justice puisse être rendue à la famille de Guy-André Kieffer. Dans les faits, on ne voit pas vraiment d’évolution positive », a-t-elle souligné.
« Depuis la fin 2013, ce sont de nouveaux juges d’instruction du côté français – qui s’occupent aussi de l’affaire – et là encore, pour relayer les paroles des proches de Guy-André Kieffer. Je sais qu’ils se sentent peu impliqués et peu pris en compte dans le traitement du dossier ».
Le travail du juge d’instruction Patrick Ramaël a en effet longtemps alternativement suscité espoir et déception, avant qu’il ne soit déchargé de ses fonctions en septembre dernier. Des témoins ont été entendus et les inculpés ont changé de version. Le juge français, qui avait effectué plusieurs voyages en Côte d’Ivoire, a convoqué, sans succès, pour témoigner Simone Gbagbo, l’épouse de l’ex-président ivoirien Laurent Gbagbo. L’audition de l’ancien chef de la garde rapprochée de Simone Gbagbo, le commandant Anselme Séka Yapo, dit Séka Séka, après son arrestation fin 2011, n’a rien donné.
Patrick Ramaël a même cru être sur le point d’identifier le corps de Guy-André Kieffer début janvier 2012, mais les analyses ADN d’un échantillon prélevé sur un squelette découvert près d’Issia, à 360 km au nord-ouest d’Abidjan, se sont avérées négatives.
Les proches de Guy-André Kieffer organiseront, mercredi 16 avril, une cérémonie en l'honneur du journaliste, place Gambetta, devant la mairie du 20e arrondissement de Paris.
RFI
http://www.rfi.fr/afrique/20140415-cote-ivoire-enquete-pietine-disparition-kieffer/

JEUNE AFRIQUE - Côte d'Ivoire : dix ans après, l'enquête patine dans la disparition de Guy-André Kieffer (JEUNE AFRIQUE Par Mathieu Olivier)

L'enquête au sujet de la disparition du journaliste indépendant Guy-André Kieffer en Côte d'Ivoire, le 16 avril 2004, est toujours au point mort. Si les soupçons se sont orientés vers des proches de l'ex-Première dame Simone Gbagbo, la vérité, dix ans après, se fait toujours attendre.
Le 16 avril 2004, le journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer disparaissait, alors qu'il avait rendez-vous sur le parking d’un supermarché à Marcory, à Abidjan, avec Michel Legré, époux de la sœur cadette de Simone Gbagbo. Depuis, malgré des soupçons persistants pesant sur l'entourage de l'ex-Première dame, l'enquête n'a pas connu de réelles avancées.
Dans un communiqué, mardi 15 avril, l’ONG Reporters sans frontières (RSF) a appelé à poursuivre la mobilisation "afin que justice soit faite", tout en dénonçant "dix années pendant lesquelles les enquêtes judiciaires amorcées n’ont pas abouti, les témoins et inculpés se sont soudainement dédits, les gouvernements qui se sont succédé en France et en Côte d’Ivoire ont envoyé des signaux mitigés quant à l’avancée de l’enquête".
Un journaliste qui dérange
Arrivé en Côte d’Ivoire au début de l’année 2002, Guy-André Kieffer avait été chargé par le régime Gbagbo d'un audit sur la filière cacao. Or, celui-ci avait mis en évidence des "malversations", par la suite confirmées dans un rapport de l’Union européenne publié fin 2005.
Kieffer avait publié de nombreux articles critiques à l’endroit de l’économie ivoirienne, ce qui lui avait valu d'être la cible des journaux pro-Gbagbo.
Guy-André Kieffer s’intéressait également au financement des ventes d’armes en Côte d’Ivoire, aux groupes rebelles du Liberia, à la Banque Nationale d’Investissement (BNI) ou encore au paiement des salaires des fonctionnaires de Guinée-Bissau par la Côte d’Ivoire. Sous différents pseudonymes, le journaliste avait publié de nombreux articles critiques à l’endroit de l’économie ivoirienne dans la presse locale, ce qui lui avait valu d'être la cible des journaux pro-Gbagbo.
La piste pro-Gbagbo
Selon l’enquête menée en France par le juge Patrick Ramaël, c'est par un "commando proche de la présidence ivoirienne", composé de membres des services de renseignement, qu'il aurait été enlevé, suite à un piège tendu par Michel Legré, beau-frère de Simone Gbagbo. Pourtant, si celui-ci a été incarcéré quelques temps à la Maison d’arrêt et de correction d’Abidjan (MACA), il a été rapidement relâché.
Le juge français, qui a effectué plusieurs voyages en Côte d’Ivoire, a également convoqué, sans succès, Simone Gbagbo, afin de recueillir son témoignage. L’audition de l’ancien chef de la garde rapprochée de l'ex Première dame, le commandant Anselme Séka Yapo, dit Séka Séka, après son arrestation fin 2011, n’a pas donné plus de satisfaction. Selon ses proches, Guy-André Kieffer aurait pourtant séjourné deux jours dans une cellule du palais présidentiel.
Dernier événement en date en ce qui ce concerne les investigations : le 6 janvier 2012, un squelette a été découvert à Issia, dans l'ouest de la Côte d’Ivoire, et annoncé comme pouvant être celui du disparu. Mais les tests ADN pratiqués peu après se sont révélés négatifs. Depuis, bien que de nouveaux juges d'instructions soient en charge de l'affaire en France depuis fin 2013, les questions demeurent sans réponse.
RSF organise donc, comme chaque année, une campagne d’affichage à Abidjan jusqu’au 1er mai pour favoriser la relance des investigations. L'organisation cherche à mettre la pression sur Alassane Ouattara pour s'assurer qu'il respecte sa promesse, faite en avril 2012, de "ne protéger personne" dans cette affaire. Dix ans après la disparition de Guy-André Kieffer, ses proches, qui organisent une marche en son honneur à Paris, ce mercredi, continuent d'attendre.
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Par Mathieu OLIVIER

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