Après sa première rencontre avec Banny / Affi N’Guessan : ‘‘La réconciliation nationale est une lourde responsabilité’’

Par L'Intelligent d'Abidjan - Affi N’Guessan‘‘La réconciliation nationale est une lourde responsabilité’’.

Le président du Front populaire ivoirien (FPI) Pascal Affi N’Guessan accompagné d’une forte délégation de son parti a été reçu le jeudi 6 janvier 2014 en audience par le président de la Commission Dialogue, Vérité et Réconciliation, Charles Konan Banny, à la Riviera.

Le premier responsable du FPI a indiqué au terme d’une heure d’échanges être venu saluer Charles Konan Banny et lui présenter ses vœux de nouvel an. « C'est donc une délégation du FPI qui est venu saluer le président de la CDVR, nous sommes venus pour lui présenter les vœux. Vous savez que depuis je suis sorti de Bouna c'est la première visite. Donc il s'agit d'une visite de courtoisie. C'est pourquoi le président de la CDVR n'était pas accompagné des commissaires qui travaillent sur les dossiers de la réconciliation. Ce que nous devons retenir, c'est l'engagement que nous avons pris et la décision qui a été arrêtée afin que nous puissions rencontrer la CDVR dans sa composition opérationnelle pour échanger avec les membres sur notre vision de la réconciliation. C'est le dialogue politique. Nous devons régler les questions issues des effets de la crise, ce sont les états généraux de la République afin de mobiliser l'ensemble des composantes de la nation pour examiner ensemble les causes de la crise, en tirer les leçons, notamment sur les réformes politiques et institutionnelles et aller dans la paix aux prochaines élections afin de réengager la reconstruction dans la stabilité Nous n'avons pas abordé le fond des choses puisque c'était une visite de courtoisie », a souligné le président du FPI. Qui a saisi l’occasion pour féliciter Charles Konan Banny après sa reconduction à la tête de la CDVR d’autant plus « que la réconciliation nationale est un programme majeur pour la Côte d'Ivoire, il faut donc l'organiser, c'est une lourde responsabilité et nous avons marqué toutes notre disponibilité à accompagner la CDVR dans cette responsabilité».

Les premiers mots de Banny après sa reconduction

« J’attends d’ailleurs très bientôt m’adresser aux Ivoiriens pour leur dire ce que c’est une ordonnance. Ce n’est pas un décret. C’est une ordonnance qui détermine ce qui reste à faire. Il est bon quand même que nous expliquions à nos concitoyens comment le faire parce que nous avons besoin de la participation de tous. C’est un processus participatif. Lorsque nous avons remis notre rapport au chef de l’Etat, nous n’avons pas manqué de lui faire le point de ce que nous avons réalisé conformément au plan d’action et de lui dire que nous n’avons pas pu achever les tâches que nous avions programmées. En particulier il nous reste à terminer ce que nous avons appelé la phase de recherche de la vérité. En d’autres termes qui a fait quoi et comment nous allons identifier les auteurs ? Comment nous allons entendre les victimes, et quelle politique, quelle réparation nous allons proposer. Pour cela il faut tout une procédure. Il faut ouvrir les centres d’écoute des victimes, les entendre. Je vous signale que d’ores et déjà nous avons un fichier de plus de 50 000 victimes. Plus précisément 60 000 victimes. Et il y en a encore dans le background. C’est sur ceux là que nous allons travailler. Nous allons ouvrir les centres d’écoute sur toute l’étendue du territoire. Cet après midi j’aurai une séance de travail avec mes collaborateurs pour arrêter le mode opératoire. Nous allons nous engager dans le processus de recherche de la vérité pour aboutir à la partie qui nous intéresse le plus. La partie de la justice transitionnelle. Pas de justice pénale. Que les auteurs aient le courage de reconnaitre les actes qu’ils ont commis et que nous ayons la compassion vis-à-vis des victimes reconnues comme telles et que les victimes acceptent de pardonner dès lors que réparation leur sera proposée et qu’ensemble nous obtenions le pardon pour tous pour que plus jamais cela ne se répète. D’ici le mois de juillet nous aurons avancé. C’est en ce moment là que rendrons notre rapport final
Est-ce qu’un an ça suffit ? On va sortir de cela. S’il y a un piège, on va dépasser le piège. On va considérer ce que j’ai dit depuis le départ. La réconciliation est un impératif pour tous les Ivoiriens. Est-ce que le temps prescrit permettra de terminer ? Je pense que l’ordonnance est claire. Il indique les tâches qui restent à accomplir. Je pense que c’est possible. Je pense qu’il faudra le faire. Il faut se mettre au travail. Nous avons déjà le schéma. Il faut être maintenant sur le terrain.

. Les hommes sont là et le chef de l'Etat s'est engagé à mettre les moyens à notre disposition, il n'y a donc pas de raison qu'on ne termine pas le travail qui a déjà commencé il y a longtemps. J'ai entendu sur une des radio que la commission n'a pas de résultats, qu’il n'y a pas de réconciliation. Moi j'observe avec vous que dans les quartiers et villes du pays, les ivoiriens ne se découpent pas à la machette, c'est vrai que tous les problèmes ne sont pas résolus mais les ivoiriens réapprennent à vivre ensemble et cela est la conjonction d'une série de facteurs, de décisions et d'actions entrepris par le gouvernement et par la commission et par les ivoiriens, les ONG et autres. C’est calme, je ne dis pas que c'est la paix totale quand je compare ce qu'il se fait ailleurs et ici, je pense qu'il y a un grand écart. Cela permet à chacun de vaquer à ses préoccupations et c'est cela aussi la réconciliation »

Abdoulaye Touré